🐶 Poésie Le Petit Prince Antoine De Saint Exupéry

LePetit Prince Antoine de Saint-Exupéry 1 L’AUTEUR Antoine de Saint-Exupéry est un écrivain, poète et avia-teur. Il est né à Lyon le 29 juin 1900 et il disparut en mer le 31 juillet 1944 lors d’un vol de mission au large de Marseille. Son avion ne fut retrouvé qu’en 2004. Le Petit Prince fut publié à New York en 1943 puis en  Bracelet Médaille Argent Le Petit Prince x Les Mots Doux Bijou Fantaisie Quand la magie des Mots Doux rencontre la poésie du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, cela donne une collection de bijoux tels de vrais petits porte-bonheur chargés d’émotions et de douceur. Voici une jolie médaille fine et délicate montée sur un cordon scintillant pour tous les du Petit Prince. Médaille Argent Le Petit Prince » 10 mm, cordon élastique scintillant vert anis, fermoir nœuds coulissants, pampille Le Petit Prince x Les Mots Doux. Taille ajustable adultes / enfants. Résistant à l’eau. Fabriqué à la main en France. Marque Référence BR-LEP-0006 Bracelet Médaille Argent Le Petit Prince x Les Mots Doux Bijou Fantaisie Quand la magie des Mots Doux rencontre la poésie du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, cela donne une collection de bijoux tels de vrais petits porte-bonheur chargés d’émotions et de douceur. Voici une jolie médaille fine et délicate montée sur un cordon scintillant pour tous les du Petit Prince. Médaille Argent Le Petit Prince » 10 mm, cordon élastique scintillant vert anis, fermoir nœuds coulissants, pampille Le Petit Prince x Les Mots Doux. Taille ajustable adultes / enfants. Résistant à l’eau. Fabriqué à la main en France. Attention Sur Le Petit Prince Collection une commande = un envoi. La commande complète sera envoyée une fois que l'ensemble des articles commandés seront en stock Nous vous invitons à bien vérifier la date de disponibilité des produits notamment ceux en précommande. Description Détails du produit Bracelet Médaille Argent Le Petit Prince x Les Mots Doux Bijou Fantaisie Quand la magie des Mots Doux rencontre la poésie du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, cela donne une collection de bijoux tels de vrais petits porte-bonheur chargés d’émotions et de douceur. Voici une jolie médaille fine et délicate montée sur un cordon scintillant pour tous les du Petit Prince. Médaille Argent Le Petit Prince » 10 mm, cordon élastique scintillant vert anis, fermoir nœuds coulissants, pampille Le Petit Prince x Les Mots Doux. Taille ajustable adultes / enfants. Résistant à l’eau. Fait à la main en France. Référence BR-LEP-0006 Produits connexes Il y 16 d'autres produits dans la même catégorie le Petit Prince est un livre pour enfants écrit à l'intention des grandes personnes. » Antoine de Saint-Exupéry-Il existe des livres que nous n'avons jamais lus et pour lesquels - pourtant - nous connaissons tout de leur histoire. Le Petit Prince a longtemps fait partie de cette catégorie de livres pour moi. C'est pourquoi, il y a Nos conseils d'entretien Chacune de nos pièces est confectionnée à la mainet avec amour dans notre atelier lové dans les vallons préserver votre bijou, évitez tout contact avec l'eau salée ou chlorée, la transpiration ou l'humidité en à retirer vos bijoux lors de l'utilisation de produits chimiques ou d'entretien, et autres crèmes, parfums ou lotions de toutes lorsque vous ne le portez pas, afin d'en conserver tout l'éclat et la brillance, évitez de le laisser à l'air libre ou à la quelques conseils peuvent prolonger considérablement la durée de vie de votre mauvais entretien accentue l'usure de la couche d'or ou d’ toutefois vous constatiez un défaut qui vous semble anormal, n'hésitez pas à nous en faire part, nous ferons notre possible pour vous donner de nos créations est livrée avec une jolie carte vous expliquant le concept des Mots Doux, dans une pochette ainsi qu’une toute petite surprise 😉 .
LePetit Prince comprend alors l'attitude de la Rose, son vieil amour, qui l'avait « apprivoisé ». Il se fait mordre par un serpent et s'efface, laissant l'aviateur déchiffrer cette histoire. La poésie et les symboles mystérieux qui animent ce conte lui ont valu un immense succès. Articles associés. conte. Récit, en général assez court, de faits imaginaires. Saint-Exupéry. Antoine
La poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout.»Victor Hugo, extrait de Odes et ballades La poésie est cette musique que tout homme porte en soi.»William Shakespeare Qu'est-ce que la poésie ? Une pensée dans une image.»Johann Wolfgang von Goethe, extrait de Maximes et réflexions On ne peut trouver de poésie nulle part, quand on n'en porte pas en soi.»Joseph Joubert, extrait de De la poésie, XLV 1866 Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais.»Charles Baudelaire, extrait de L’Art romantique La poésie d'un peuple est l'élément de son progrès.»Victor Hugo, extrait de Les Misérables 1862 Le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens.»Paul Valery, extrait de Tel Quel On devrait souhaiter à tout homme sensé une certaine dose de poésie.»Johann Wolfgang von Goethe, extrait de Maximes et réflexions Ce n’est pas l’art, mais une force divine qui leur inspire leurs vers.»Platon, extrait de Ion La poésie rend la vie sur terre plus belle, moins éphémère, moins misérable.»Adonis La poésie n'a pas d'autre but qu'elle-même.»Charles Baudelaire, extrait de L'Artiste La poésie est l’ambition d’un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter.»Paul Valery, extrait de Variété I et II Les hommes se servent des mots ; le poète les sert.»Octavio Paz La connaissance poétique est celle où l'homme éclabousse l'objet de toutes ses richesses mobilisées.»Aimé Césaire, extrait de Sur la poésie La création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels.»Octavio Paz, extrait de L’Arc et la Lyre Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré.»Paul Eluard, extrait de Ralentir Travaux De même qu'il faut de la souffrance pour connaître le bonheur, il faut de la prose pour qu'il y ait poésie».Edgar Morin, extrait de Amour, poésie, sagesse Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le langage.»Jean-Paul Sartre, extrait de Qu’est-ce que la littérature ? Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir.»René Char, extrait de Feuillets d’Hypnos La poésie, c'est de la multiplicité broyée et qui rend des flammes.»Antonin Artaud La poésie demande un génie particulier, qui ne s'accommode pas trop avec le bon sens. Tantôt c'est le langage des Dieux, tantôt c'est le langage des fous, rarement celui d'un honnête de Saint-Evremond, extrait de Sur les carctères des tragédies, De la poésie. Mes sonnets perdraient de leur charme à être expliqués.»Nerval Poète est celui-là qui rompt avec l’accoutumance.»Saint-John Perse Qu’est-ce qu’un poète, si ce n’est un traducteur, un déchiffreur ?»Charles Baudelaire Le poète, l’esprit du poète est une véritable fabrique d’images.»Pierre Reverdy L'Art n'est pas vide s'il dévoile son propre vide. La poésie est utile si elle montre son squelette pendu dans les airs comme Bouddha, Shakespeare & Rimbaud.»Allen Ginsberg Antoine de Saint Exupery 1900-1944 … si je renonce au silence, c’est qu’on a souvent donné de lui des portraits monolithiques, où l’on ne distingue point de ressemblance. Et certes, il fut le compagnon de Mermoz et de Guillaumet. Et certes, il fit de l’aviation une sorte de poésie. Il fut l’archange entre ciel et terre, parmi les étoiles dans cette nuit, où, perdu dans l’espace, ne sachant plus quelles lumières étaient celles de la terre, il eut à choisir entre les planètes, ayant égaré la sienne. Et certes sa légende historique est intacte. Il fut égal à sa légende.» Léon Werth l’ami de Saint Exupéry à qui sont dédiés Le Petit Prince et Lettre à Un Otage, Saint Exupéry, tel que je l’ai connu, 1948 Jean-Paul Sartre salue en lui le précurseur qui nous apprend que le monde et l’homme se révèlent par les entreprises . Roger Caillois souligne dans sa préface à la première édition des oeuvres de Saint-Exupéry dans la Pléiade que l’on est là dans le cas rare d’un écrivain véritable qui a vécu ses livres avant de les écrire. Né à Lyon, en 1900, Antoine de Saint Exupéry effectue dès l’âge de douze ans son baptême de l’air. Sa passion pour les avions ne le quittera plus. Puis il fréquente l’Ecole Navale et les Beaux-Arts. Son service militaire le forme à l’aviation. Il entre alors dans l’aventure de la poste aérienne. Nommé chef d’escale de Cap Juby, dans le Sud marocain , il y croise Guillaumet et Mermoz. En leur compagnie, Saint-Exupéry part pour l’Amérique du Sud afin d’y étudier la possibilité de créer de nouvelles lignes aériennes. Nommé Directeur d’Aeropostal Argentina, à Buenos Aires, il crée la ligne qui relie l’Argentine à la Patagonie. Puis il revient en France . Devenu pilote d’essai, il accomplit des missions périlleuses nombreux accidents d’avions, tout en exerçant des activités de journaliste pour quelques grands reportages en Espagne et en Allemagne. Sans participer activement à la vie politique, Antoine de Saint Exupéry affirme très tôt ses convictions anti-fascistes et anti-nazies. Pilote de reconnaissance en 1939, démobilisé en 40, exilé ensuite aux États-Unis, il reprend en 1942 l’entraînement avec le grade de commandant. Il réclame plusieurs missions de reconnaissance qu’on finit par lui accorder. Le 31 juillet 1944, il s’envole pour une neuvième mission sur Grenoble et Annecy Il décolle à 8H45. Il ne rentrera pas … Prix Fémina avec Vol de nuit 1930 et Grand Prix du Roman de l’Académie française avec Terre des hommes 1938, Antoine de Saint Exupéry est l’un des auteurs français les plus connus du vingtième siècle grâce notamment au succès du Petit Prince plus de sept millions d’exemplaires. Héros tragiquement disparu, en plein ciel, à 44 ans , Antoine de Saint Exupéry connaîtra une gloire controversée. S’attaquant à l’apparente facilité du Petit Prince ou aux citations moralisantes de Citadelle, publication posthume, ouvrage très mal compris , la critique se déchaîne contre lui et se divise à son sujet dans un affrontement tournant parfois à la satire. Jean-François Revel se moquera du penseur rase-mottes » tandis que François Nourissier concédera une niaiserie Saint-Exupéry » . Loin d’être l’archétype du héros viril ou l’avocat de l’angélisme naïf , dont le triomphe du Petit Prince a contribué à amplifier le malentendu jusqu’à la caricature , Antoine de Saint-Exupéry est un grand auteur hésitant entre mélancolie et angoisse et n’appelant au dépassement de sa condition humaine, que pour surmonter le désenchantement ». Et s’il est une image à garder, c’est celle que donne de lui Kleber Haedens dans son Histoire de la Littérature française L’aviateur aux belles mains couvertes de graisse a ressenti lui aussi le goût de l’évasion, les tourments, la peur de n’être pas compris. C’est dans le monde entier qu’il a baigné sa solitude, écrivant à minuit des pages qui sont des poèmes de l’amitié et de l’honneur où l’on voit, comme chez Malraux, l’homme dominer sa condition. Saint-Exupéry volait au-dessus des nuages et donnait du péril des images radieuses et tendres... » Anne Henin Tweet Share 0 Antoinede Saint-Exupéry est un écrivain français né le 29 juin 1900 à Lyon. C’est un livre qui s’impose à la mémoire, dès lors qu’on évoque l’œuvre de Saint-Exupéry. On pense immédiatement au Petit Prince dont les chiffres
Lumière sur… / L’univers des livres► vous êtes iciLumière sur… / L’univers des livresLe Petit Prince 1943– Antoine de Saint-Exupéry –Sommaire Présentation La simplicité d’un conte La question de l’interprétation une parabole ? Extrait Adaptation 📽 15 citations choisies de Saint-Exupéry 👤 Antoine de Saint-Exupéry Antoine de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 au large de Marseille, est aviateur et écrivain français, auquel on doit une œuvre à la morale héroïque et idéaliste, fruit de son expérience de l’aviation Vol de nuit, 1931 ; Le Petit Prince, 1943… [Lire sa biographie]PrésentationLe Petit Prince est un récit d’Antoine de Saint-Exupéry, écrit en 1943 à New York. La même année, deux versions, anglaise et française, paraissent simultanément. L’ouvrage est progressivement traduit dans les langues les plus diverses, grâce à l’immense succès qu’il simplicité d’un conteLe Petit Prince s’adresse aussi bien à un public d’adultes qu’à un public d’enfants. Il se présente d’emblée comme une histoire racontée par un narrateur, qui n’est pas sans rappeler les héros de Saint-Exupéry, un aviateur tombé en panne au beau milieu du désert. Cette narration est prétexte à un nouveau récit, celui du Petit Prince le principe d’enchâssement étant caractéristique du conte, et à quelques épisodes de la rencontre de l’aviateur et de ce curieux forme ainsi une succession de séquences, d’épisodes très distincts, marqués surtout par leurs personnages archétypaux respectifs l’économiste, l’allumeur de réverbères, le géographe, etc.. L’histoire appartient au domaine de l’irréel, par ses animaux et ses plantes qui parlent, par l’Univers décrit où l’on erre de planète en planète, et par les dessins qui prennent vie. Car l’iconographie — des aquarelles de l’auteur — fait véritablement partie de l’ langage, lui, se fonde sur des phrases brèves, des dialogues très simples structurés par des formules comme dit le Petit Prince », ou jouant sur le charme incongru des mots d’enfant S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! », des procédés d’insistance et de répétition. L’auteur reprend les motifs poétiques les plus courants la fleur la rose en particulier, le coucher de question de l’interprétation une parabole ?Le Petit Prince a suscité des commentaires variés — parfois contradictoires — se référant à une poésie de l’enfance, à la fantaisie, au mysticisme, à l’autobiographie, ou à la fable morale, tendant à faire valoir un conte onirique, énigmatique et un premier degré, les messages donnés par l’ouvrage sont les maximes qui le jalonnent c’est véritablement utile, puisque c’est joli », si tu réussis à bien te juger, c’est que tu es un véritable sage » ou la célèbre on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».À un second niveau, on peut chercher un sens symbolique à l’histoire. On découvrira alors un monde où l’adulte s’oppose à l’enfant ce personnage capricieux et exigeant du Petit Prince, véritable objet de fascination pour le narrateur, où la solitude règne, où les buts des activités des êtres sont souvent absurdes, où la quête — qui est principalement une quête affective les scènes sont quasiment toutes des moments de rencontre et de découverte de l’autre, principalement l’apprivoisement du renard et la relation avec la rose — se solde par le vide et la mort, laissant au lecteur une dernière impression de lumière et d’ petit prince traversa le désert et ne rencontra qu’une fleur. Une fleur à trois pétales, une fleur de rien du tout… – Bonjour, dit le prince. – Bonjour, dit la fleur. – Où sont les hommes ? demanda poliment le petit prince. La fleur, un jour, avait vu passer une caravane – Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup. – Adieu, fit petit prince. – Adieu, dit la fleur.Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Folio Junior, 2007AdaptationEn 2015, sort un film intitulé Le Petit Prince autre titre original The Little Prince. Il s’agit d’un un film d’animation français réalisé par Mark Osborne. Il est adapté du livre d’Antoine de film combine deux techniques d’animation les images de synthèse par ordinateur et l’animation en Petit Prince connaît une excellente carrière au box office hors de France et devient le film d’animation français le plus vu dans les salles étrangères avec près de 18 millions d’entrées dans une soixantaine de pays début juin 2016, dont un succès notable en Italie où il rassemble 1,5 million d’ 2016, Le Petit Prince reçoit le César du meilleur film d’animation.⚠️ Remarque ⚠️ La vidéo intégrée ci-dessus est utilisée uniquement pour un but éducatif. Elle reste la propriété de leur auteur et n’engage que leur propre responsabilité. En aucun cas, l’éditeur d’ ne pourra être tenu responsable de cette vidéo dont il ne serait pas l’auteur.📽 15 citations choisies de Saint-ExupéryArticles connexes Rubriques du site Lumière sur… – L’univers des livres. Biographie d’Antoine de Saint-Exupéry. – Auteurs du XXe siècle. Lumière sur L’enfance et la littérature. Le genre romanesque. – Les différents genres romanesques. Genres littéraires » Le roman. – Le conte. – La fable. Qu’est-ce qu’une maxime ? Analyser un roman. – Analyser un récit. Pistes pour raconter une histoire. Le dialogue. Les personnages. Les genres littéraires et les genres de textes. L’univers des livres » Œuvres littéraires. Histoire de la langue française. Qu’est-ce que la littérature ?Suggestion de livresRecherche sur le site
Onne le présente plus : de planète en planète, le Petit Prince fait de jolies rencontres toutes empreintes de poésie et de philosophie. Son bon sens face aux “grandes personnes” nous invite à retrouver l’enfant en nous car “toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants (mais peu d’entre elles s’en souviennent)” nous rappelle Antoine de Saint-Exupéry.
Sagesse, identité & bonheur septembre 2021 Résumé Biographie Revues de presse Caractéristiques Avis Résumé La philosophie révélée par le Petit Prince Livre mythique, conte merveilleux et symbolique, Le Petit Prince accompagne des générations de lecteurs depuis sa parution. Dans une narration pleine de poésie, Antoine de Saint-Exupéry a fait du Petit Prince un véritable essai métaphysique pour guider chacun de nous dans son acceptation et la tolérance. L'imaginaire, l'impermanence, l'absurdité et l'humanisme sont des références philosophiques fortes qui jalonnent le chef-d'oeuvre de Saint-Exupéry. Mais elles ne sont pas les seules ! Cet ouvrage vous propose - pour la première fois - de decrypter la portée philosophique du plus célèbre des contes. Cette plongée inédite vous permet d'aller plus loin dans la lecture du Petit Prince en compagnie des plus grands philosophes et de leurs notions essentielles. Gwendal Fossois, auteur spécialiste de la pop culture vous invite à découvrir les valeurs philosophiques cachées du Petit lecture révélatrice ! Biographie Né en région parisienne, Gwendal Fossois est un spécialiste de la pop culture, adorateur de science-fiction et fantasy ; c’est tout naturellement qu’il a plongé tête la première dans Game of Thrones. Fasciné par la Grèce ancienne, il a suivi des études d’Histoire des civilisations durant lesquelles il a travaillé sur les amours entre les dieux et les hommes dans la mythologie. Revues de presse Caractéristiques Editeur Les Éditions de l'Opportun septembre 2021 Intérieur Noir & blanc Format en mm Livre papier [RELIÉ] 130 x 200 Poids en grammes 311 Livre papier [RELIÉ] Nombre de pages Livre papier [RELIÉ] 216 Nombre de pages eBook [EBOOK] 216 Langues Français EAN13 Livre papier [RELIÉ] 9782380154887 EAN13 eBook [EBOOK] 9782380154870 Avis Du même thème Ils ont également acheté
\npoésie le petit prince antoine de saint exupéry
Environun an avant la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) au cours d'une mission aérienne, paraît aux États-Unis Le Petit Prince.Proche du conte (départ du héros, voyages éprouvants, découverte d'un secret), l'œuvre s'inscrit dans le prolongement de Terre des hommes (1939). On y retrouve le même univers (le désert), les mêmes personnages (l'aviateur, les
Bonjour à toutes et à tous !👋🏻 Aujourd’hui, je vous présente mon classique littéraire du mois Le Petit Prince d’Antoine Saint-Exupéry, aux éditions Gallimard. Comme doivent le savoir certains de mes lecteurs habituels, j’ai décidé de lire un classique de la littérature chaque mois depuis avril. Mes chroniques diffèrent par rapport aux autres. Il n’y a ni séparation entre les points positifs et négatifs, ni aucune note. J’agis ainsi car ces livres n’ont plus besoin d’être noté et je me sens très mauvais juge pour critiquer des œuvres incontournables. Au mois d’avril, je vous avais proposé Voyage au centre de la Terre de Jules Verne. Un excellent moment fut passé avec ce livre. Au mois de mai, mon dévolu s’est porté sur Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Une partie historique très intéressante mais un récit ne m’ayant pas séduit. Et au mois de juin, je découvrais Sherlock Holmes, tome 1 Une étude en rouge d’Arthur Conan Doyle. Un avis mitigé mais un tome 1 se lisant facilement. Durant juillet et août, j’ai fait une pause afin de reprendre en septembre. À la base, mon choix ne s’était pas tourné sur Le Petit Prince. C’est un article sur le journal Le Parisien qui m’a donné envie de m’y plonger. Il traitait de la découverte des esquisses du Petit Prince en Suisse. Voici le lien de l’article Des esquisses du Petit Prince retrouvées dans une vieille maison en Suisse. Il faut savoir que je l’ai déjà lu lorsque j’étais à l’école primaire. À l’époque je détestais lire, vous vous imaginez donc bien que cette lecture ne fut pas jouissif. Je me souviens ne pas avoir aimé l’histoire. Je crois même ne pas l’avoir lu jusqu’au bout et en diagonale. Ce livre était donc aujourd’hui, une totale découverte car je ne m’en rappelais pas du tout. Avant de vous partager mon avis, j’aimerais vous parler de la couverture ci-dessus. Il s’avère que le livre en ma possession est une très vieille version ne se vendant plus. Par conséquent, si vous souhaitez celle-ci, vous pouvez la trouver sur sur Ebay ou Rakuten… Je sais que les livres vendus aujourd’hui ont la même couverture mais je suis incapable de vous parler de leur contenu… Pour continuer sur la première de couverture, je la trouve poétique. Il émane de la douceur, de la légèreté et de la naïveté. Une illustration parfaite pour l’univers mis en place. À l’intérieur est présent d’autre dessins, parfaitement en harmonie avec le récit. Malgré leur simplicité, elles renforcent et illustrent le propos de la page. À l’instar de la première de couverture, il transparaît ce sentiment de poésie et de légèreté. Sans leur présence, le livre n’aurait pas la même saveur. Bien que l’ouvrage est l’allure d’un conte pour enfants, il est avant tout une œuvre poétique mais également philosophique, publié en 1943 à New-York. Le point de vue est complexe. Je dirais qu’il y en a deux qui se révèlent. Nous avons le point de vue interne. L’aviateur nous narre ses péripéties et sa rencontre avec le Petit Prince. Puis avec subtilité, il change est devient omniscient, nous exposant les aventures de notre petit héros. À la fin, il retourne au point de vue de l’aviateur. Résumé Un aviateur anonyme subit une panne de moteur sur son avion et s’échoue en plein désert du Sahara. Ne pensant pas rencontrer une âme qui vive, sa surprise est grande lorsqu’il fait la rencontre d’un petit garçon aux cheveux dorés. Pendant que l’aviateur tente de réparer son moteur, son jeune compagnon d’infortune lui raconte son histoire. Point de vue générale de l’œuvre Un livre poétique se lisant très facilement. Cependant, malgré la présence de la poésie, les personnages sont tristes sans exception. Chacun exprime sa mélancolie de manière différente, y compris Le Petit Prince. Ce n’est pas un enfant solaire, au contraire, il est triste et n’est pas heureux de vivre. Paradoxalement, il est à la fois naïf et parfois très censé. Un message est visible du début jusqu’à la fin ; celui de garder son âme d’enfant. Bien que le vocabulaire employé soit facile à comprendre et à la portée des enfants il est à noter qu’Antoine de Saint-Eupéry a également mis en place des définitions en les incorporant au récit, afin que les mots plus complexes puissent être compris des jeunes lecteurs, je pense que l’écrivain ne l’a pas véritablement dédié à cette catégorie d’âge. À travers chaque personnage et rencontre l’auteur a placé un message, une image, accentuant le propos principal. À mon sens, ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Lorsqu’on est très jeune, nous ne comprenons pas le sens caché du livre. D’après mon expérience, à ma première lecture je n’ai pas discerné le caractère philosophique et moralisateur. Tout est abordé par de subtiles messages ne pouvant être perçus que par des lecteurs d’un certain âge. Si nous lisons le livre au premier degré, l’histoire parait simple, alors qu’en lisant au delà des apparences le sujet est bien plus complexe. Il veut nous faire prendre conscience qu’en vieillissant nous perdons notre âme d’enfant et adoptons des facettes négatives. L’avarice, le narcissisme, le besoin de régner sur le monde, d’accumuler les biens, d’aller toujours plus vite sans contempler les merveilles du monde… sont des comportements négatifs que les enfants ne doivent pas prendre exemple. À travers de petites phrases, ils abordent également d’autres thèmes afin de nous interpeller comme par exemple, apprendre à se juger soi-même. Il en de même pour les illustrations car derrière leurs innocences se cachent des messages subliminales. En consultant internet, j’ai appris qu’à travers le dessin des trois baobabs, l’écrivain aurait représenté les trois puissances de l’Axe Rome, Berlin st Tokyo durant la Seconde Guerre Mondiale. Nous pouvons en conclure que derrière cette allure de conte, il y a de la matière pour réfléchir. Pour ma part, je n’ai pas totalement adhéré à son point de vue majoritairement négatif vis-à-vis des grandes personnes ». Il généralise certains caractères à cette tranche d’âge. Il est vrai que la phase adulte peut nous faire perdre notre âme d’enfant mais, à mon sens, nous pouvons être avare, égoïste durant l’enfance… Abordons à présent la fin. Selon moi, elle est le point fort du livre. J’ai été complètement touchée. Elle est si triste mais paradoxalement si belle qu’elle ne peut pas laisser indifférent. Elle m’a marquée et m’a laissé un très bon souvenir. Cette conclusion donne envie de relire l’ouvrage, afin de retrouver cette poésie. Conclusion Une œuvre intemporelle mêlant poésie et philosophie avec subtilité. À travers une apparence enfantine, Antoine Saint-Exupéry aborde des sujets divers enfance, avarice, narcissisme… dans l’optique de nous faire réfléchir. Malgré le caractère simple du récit, il n’est pas destiné aux jeunes enfants ne pouvant comprendre les messages cachés. Un classique à découvrir. Citations tirées du livre – Tu te jugeras donc toi-même, lui répondit le roi. C’est le plus difficile. Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis à bien te juger, c’est que tu es un véritable sage. – Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur. » Sous quels formats puis-je le trouver ? Vous pouvez le trouver en version livre numérique et en version brochée, grand format. Où puis-je me le procurer ? Vous pouvez l’acheter sur Amazon, Fnac, Decitre et Cultura. Bonne lecture !📚
Seul sur son petit bout de planète, en train de contempler sa rose le Petit Prince, comme une évocation de l'enfance rêveuse, nous ramène tous quelques années en arrière, quand nous étions petits, persuadés qu'on pouvait apprivoiser un renard ou dialoguer avec un allumeur de réverbères ! Le dessin enfantin d'Antoine de Saint-Exupéry n'est pas toujours bien défini, il n'est
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Aujourdhui réédité en CD, Le Petit Prince garde toute sa force poétique. Auteur : Antoine de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 en mer, au large de Marseille. Mort pour la France, il est un écrivain, poète, aviateur et reporter français. Lecteurs : Gérard Philipe dans le rôle du récitant
Biographie Antoine de Saint-Exupéry fait son service militaire dans l'aviation avant d'entrer, en 1926, à l'Aéropostale. Son premier roman, "Courrier Sud", est le fruit de ses premières années d'aviation. De 1929 à 1939, il assure des liens aéropostaux en Argentine, où il se marie. A la même époque, son deuxième roman, "Vol de nuit", obtient le prix Femina. Après avoir été pilote de guerre, Antoine de Saint-Exupéry s'installe aux Etats Unis où il écrit son roman le plus célèbre, "Le Petit Prince". Il participe au débarquement américain en Afrique du Nord avant de disparaître en avion dans des circonstances qui restent mystérieuses, le 31 juillet 1944. Il laisse un roman inachevé, "Citadelle", considéré aujourd'hui comme la somme de sa pensée. Saint-Exupéry, humaniste et poète, reste inclassable EXTRAIT N° 1 La première rencontre EXTRAIT N° 4 Le cinquième jour Le petit prince extrait n° 2 Rencontre avec la fleur Le petit prince traversa le désert et ne rencontra qu' une fleur. Une fleur à trois pétales, une fleur de rien du tout... -Bonjour, dit le prince. -Bonjour, dit la fleur. -Où sont les hommes ? demanda poliment le petit prince. La fleur, un jour, avait vu passer une caravane -Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup. -Adieu, fit petit prince. -Adieu, dit la fleur. Le petit prince extrait n° 3 Rencontre avec le renard C'est alors qu'apparut le renard. -Bonjour, dit le renard. .. -Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien. -Je suis là, dit la voix, sous le pommier. -Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli.. -Je suis un renard, dit le renard. Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste... -Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé -Ah ! pardon, Et Je petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta -Qu'est ce que signifie apprivoiser » ? -Tu fi es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu! -Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie apprivoiser » ? -Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ? -Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie apprivoiser »? -C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie créer des liens... » -Créer des liens ? -Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n' ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde... -Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé... -C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses. -Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué -Sur une autre planète ? -Oui. -Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ? -Non. -Ça, c'est intéressant! Et des poules ? -Non. -Rien n'est parfait, soupira le renard. Mais le renard revint à son idée -Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé... Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince -S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il. -Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître. -On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi ! -Que faut-il faire ? dit le petit prince. -Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... Le lendemain revint le petit prince. -Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après- midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur. Il faut des rites. -Qu'est-ce qu'un rite » ? dit le petit prince. -C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances. Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche -Ah ! dit le renard... je pleurerai. -C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise... -Bien sûr, dit le renard. -Mais tu vas pleurer! dit le petit prince. -Bien sûr, dit le renard. -Alors tu n'y gagnes rien ! -j'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. Puis il ajouta -Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret. Le petit prince s'en fut revoir les roses. -Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. Et les roses étaient gênées. -Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. on ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu' elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles sauf les deux ou trois pour les papillons. Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même Quelquefois se taire. Puisque c' est ma rose. Et il revint vers le renard -Adieu, dit-il... -Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. -L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. -C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. -C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... lit le petit prince, afin de se souvenir. -Les hommes ont oublié, cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose... -Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir. Antoine De Saint-Exupéry DécouvrezLe Petit Prince le livre de Antoine de Saint-Exupéry sur 3ème libraire sur Internet avec 1 million de livres disponibles en livraison rapide à domicile ou en relais - 9782070575923 Antoine de Saint-Exupéry LE PETIT PRINCE 1943 Publication du groupe Ebooks libres et gratuits » – Table des matières PREMIER CHAPITRE CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV CHAPITRE V CHAPITRE VI CHAPITRE VII CHAPITRE VIII CHAPITRE IX CHAPITRE X CHAPITRE XI CHAPITRE XII CHAPITRE XIII CHAPITRE XIV CHAPITRE XV CHAPITRE XVI CHAPITRE XVII CHAPITRE XVIII CHAPITRE XIX CHAPITRE XX CHAPITRE XXI CHAPITRE XXII CHAPITRE XXIII CHAPITRE XXIV CHAPITRE XXV CHAPITRE XXVI CHAPITRE XXVII À propos de cette édition électronique À LÉON WERTH Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. J’ai une excuse sérieuse cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J’ai une troisième excuse cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a bien besoin d’être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. Mais peu d’entre elles s’en souviennent. Je corrige donc ma dédicace À LÉON WERTH QUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON PREMIER CHAPITRE Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s’appelait Histoires Vécues ». Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin. On disait dans le livre Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion. » J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. Il était comme ça J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur. Elles m’ont répondu Pourquoi un chapeau ferait-il peur ? » Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. J’ai alors dessiné l’intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications. J’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter des avions. J’ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c’est exact, m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître, du premier coup d’œil, la Chine de l’Arizona. C’est très utile, si l’on est égaré pendant la nuit. J’ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux. J’ai beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vues de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon opinion. Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’expérience sur elle de mon dessin numéro 1 que j’ai toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment compréhensive. Mais toujours elle me répondait C’est un chapeau. » Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable. CHAPITRE II J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours. Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’Océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait – S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! – Hein ! – Dessine-moi un mouton… J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n’est pas ma faute. J’avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n’avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts. Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand je réussis enfin à parler, je lui dis – Mais… qu’est-ce que tu fais là ? Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse – S’il vous plaît… dessine-moi un mouton… Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme avec un peu de mauvaise humeur que je ne savais pas dessiner. Il me répondit – Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton. Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me répondre – Non ! Non ! Je ne veux pas d’un éléphant dans un boa. Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant. Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton. Alors j’ai dessiné. Il regarda attentivement, puis – Non ! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre. Je dessinai Mon ami sourit gentiment, avec indulgence – Tu vois bien… ce n’est pas un mouton, c’est un bélier. Il a des cornes… Je refis donc encore mon dessin Mais il fut refusé, comme les précédents – Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps. Alors, faute de patience, comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci. Et je lançai – Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge – C’est tout à fait comme ça que je le voulais ! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton ? – Pourquoi ? – Parce que chez moi c’est tout petit… – Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton. Il pencha la tête vers le dessin – Pas si petit que ça… Tiens ! Il s’est endormi… Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui CHAPITRE III Il me fallut longtemps pour comprendre d’où il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m’ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la première fois mon avion je ne dessinerai pas mon avion, c’est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi il me demanda – Qu’est-ce que c’est que cette chose-là ? – Ce n’est pas une chose. Ça vole. C’est un avion. C’est mon avion. Et j’étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s’écria – Comment ! tu es tombé du ciel ? – Oui, fis-je modestement. – Ah ! ça c’est drôle… Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m’irrita beaucoup. Je désire que l’on prenne mes malheurs au sérieux. Puis il ajouta – Alors, toi aussi tu viens du ciel ! De quelle planète es-tu ? J’entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j’interrogeai brusquement – Tu viens donc d’une autre planète ? Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion – C’est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin… Et il s’enfonça dans une rêverie qui dura longtemps. Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea dans la contemplation de son trésor. Vous imaginez combien j’avais pu être intrigué par cette demi-confidence sur les autres planètes ». Je m’efforçai donc d’en savoir plus long – D’où viens-tu, mon petit bonhomme ? Où est-ce chez toi » ? Où veux-tu emporter mon mouton ? Il me répondit après un silence méditatif – Ce qui est bien, avec la caisse que tu m’as donnée, c’est que, la nuit, ça lui servira de maison. – Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l’attacher pendant le jour. Et un piquet. La proposition parut choquer le petit prince – L’attacher ? Quelle drôle d’idée ! – Mais si tu ne l’attaches pas, il ira n’importe où, et il se perdra… Et mon ami eut un nouvel éclat de rire – Mais où veux-tu qu’il aille ! – N’importe où. Droit devant lui… Alors le petit prince remarqua gravement – Ça ne fait rien, c’est tellement petit, chez moi ! Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta – Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin… CHAPITRE IV J’avais ainsi appris une seconde chose très importante C’est que sa planète d’origine était à peine plus grande qu’une maison ! Ça ne pouvait pas m’étonner beaucoup. Je savais bien qu’en dehors des grosses planètes comme la Terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms, il y en a des centaines d’autres qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope. Quand un astronome découvre l’une d’elles, il lui donne pour nom un numéro. Il l’appelle par exemple l’astéroïde 3251. » J’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait le petit prince est l’astéroïde B 612. Cet astéroïde n’a été aperçu qu’une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un Congrès International d’Astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la réputation de l’astéroïde B 612 un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s’habiller à l’Européenne. L’astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. Si je vous ai raconté ces détails sur l’astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c’est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? » Elles vous demandent Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ? » Alors seulement elles croient le connaître. Si vous dites aux grandes personnes J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit… » elles ne parviennent pas à s’imaginer cette maison. Il faut leur dire J’ai vu une maison de cent mille francs. » Alors elles s’écrient Comme c’est joli ! » Ainsi, si vous leur dites La preuve que le petit prince a existé c’est qu’il était ravissant, qu’il riait, et qu’il voulait un mouton. Quand on veut un mouton, c’est la preuve qu’on existe » elles hausseront les épaules et vous traiteront d’enfant ! Mais si vous leur dites La planète d’où il venait est l’astéroïde B 612 » alors elles seront convaincues, et elles vous laisseront tranquille avec leurs questions. Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes. Mais, bien sûr, nous qui comprenons la vie, nous nous moquons bien des numéros ! J’aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J’aurais aimé dire Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d’un ami… » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l’air beaucoup plus vrai. Car je n’aime pas qu’on lise mon livre à la légère. J’éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a six ans déjà que mon ami s’en est allé avec son mouton. Si j’essaie ici de le décrire, c’est afin de ne pas l’oublier. C’est triste d’oublier un ami. Tout le monde n’a pas eu un ami. Et je puis devenir comme les grandes personnes qui ne s’intéressent plus qu’aux chiffres. C’est donc pour ça encore que j’ai acheté une boîte de couleurs et des crayons. C’est dur de se remettre au dessin, à mon âge, quand on n’a jamais fait d’autres tentatives que celle d’un boa fermé et celle d’un boa ouvert, à l’âge de six ans ! J’essaierai, bien sûr, de faire des portraits le plus ressemblants possible. Mais je ne suis pas tout à fait certain de réussir. Un dessin va, et l’autre ne ressemble plus. Je me trompe un peu aussi sur la taille. Ici le petit prince est trop grand. Là il est trop petit. J’hésite aussi sur la couleur de son costume. Alors je tâtonne comme ci et comme ça, tant bien que mal. Je me tromperai enfin sur certains détails plus importants. Mais ça, il faudra me le pardonner. Mon ami ne donnait jamais d’explications. Il me croyait peut-être semblable à lui. Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons à travers les caisses. Je suis peut-être un peu comme les grandes personnes. J’ai dû vieillir. CHAPITRE V Chaque jour j’apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ, sur le voyage. Ça venait tout doucement, au hasard des réflexions. C’est ainsi que, le troisième jour, je connus le drame des baobabs. Cette fois-ci encore ce fut grâce au mouton, car brusquement le petit prince m’interrogea, comme pris d’un doute grave – C’est bien vrai, n’est-ce pas, que les moutons mangent les arbustes ? – Oui. C’est vrai. – Ah ! Je suis content. Je ne compris pas pourquoi il était si important que les moutons mangeassent les arbustes. Mais le petit prince ajouta – Par conséquent ils mangent aussi les baobabs ? Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grands comme des églises et que, si même il emportait avec lui tout un troupeau d’éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout d’un seul baobab. L’idée du troupeau d’éléphants fit rire le petit prince – Il faudrait les mettre les uns sur les autres… Mais il remarqua avec sagesse – Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit. – C’est exact ! Mais pourquoi veux-tu que tes moutons mangent les petits baobabs ? Il me répondit Ben ! Voyons ! » comme s’il s’agissait là d’une évidence. Et il me fallut un grand effort d’intelligence pour comprendre à moi seul ce problème. Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’une d’elles de se réveiller. Alors elle s’étire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive. S’il s’agit d’une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut. Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la reconnaître. Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince… c’étaient les graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Or un baobab, si l’on s’y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. Il encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines. Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la font éclater. C’est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince. Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète. Il faut s’astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès qu’on les distingue d’avec les rosiers auxquels ils ressemblent beaucoup quand ils sont très jeunes. C’est un travail très ennuyeux, mais très facile. » Et un jour il me conseilla de m’appliquer à réussir un beau dessin, pour bien faire entrer ça dans la tête des enfants de chez moi. S’ils voyagent un jour, me disait-il, ça pourra leur servir. Il est quelquefois sans inconvénient de remettre à plus tard son travail. Mais, s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. J’ai connu une planète, habitée par un paresseux. Il avait négligé trois arbustes… » Et, sur les indications du petit prince, j’ai dessiné cette planète-là. Je n’aime guère prendre le ton d’un moraliste. Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par celui qui s’égarerait dans un astéroïde sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma réserve. Je dis Enfants ! Faites attention aux baobabs ! » C’est pour avertir mes amis d’un danger qu’ils frôlaient depuis longtemps, comme moi-même, sans le connaître, que j’ai tant travaillé ce dessin-là. La leçon que je donnais en valait la peine. Vous vous demanderez peut-être Pourquoi n’y a-t-il pas, dans ce livre, d’autres dessins aussi grandioses que le dessin des baobabs ? La réponse est bien simple J’ai essayé mais je n’ai pas pu réussir. Quand j’ai dessiné les baobabs j’ai été animé par le sentiment de l’urgence. CHAPITRE VI Ah ! petit prince, j’ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique. Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. J’ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m’as dit – J’aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil… – Mais il faut attendre… – Attendre quoi ? – Attendre que le soleil se couche. Tu as eu l’air très surpris d’abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m’as dit – Je me crois toujours chez moi ! En effet. Quand il est midi aux États-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher de soleil. Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais… – Un jour, j’ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois ! Et un peu plus tard tu ajoutais – Tu sais… quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil… – Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ? Mais le petit prince ne répondit pas. CHAPITRE VII Le cinquième jour, toujours grâce au mouton, ce secret de la vie du petit prince me fut révélé. Il me demanda avec brusquerie, sans préambule, comme le fruit d’un problème longtemps médité en silence – Un mouton, s’il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs ? – Un mouton mange tout ce qu’il rencontre. – Même les fleurs qui ont des épines ? – Oui. Même les fleurs qui ont des épines. – Alors les épines, à quoi servent-elles ? Je ne le savais pas. J’étais alors très occupé à essayer de dévisser un boulon trop serré de mon moteur. J’étais très soucieux car ma panne commençait de m’apparaître comme très grave, et l’eau à boire qui s’épuisait me faisait craindre le pire. – Les épines, à quoi servent-elles ? Le petit prince ne renonçait jamais à une question, une fois qu’il l’avait posée. J’étais irrité par mon boulon et je répondis n’importe quoi – Les épines, ça ne sert à rien, c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs ! – Oh ! Mais après un silence il me lança, avec une sorte de rancune – Je ne te crois pas ! Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines… Je ne répondis rien. À cet instant-là je me disais Si ce boulon résiste encore, je le ferai sauter d’un coup de marteau. » Le petit prince dérangea de nouveau mes réflexions – Et tu crois, toi, que les fleurs… – Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J’ai répondu n’importe quoi. Je m’occupe, moi, de choses sérieuses ! Il me regarda stupéfait. – De choses sérieuses ! Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet qui lui semblait très laid. – Tu parles comme les grandes personnes ! Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta – Tu confonds tout… tu mélanges tout ! Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés – Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon ! – Un quoi ? – Un champignon ! Le petit prince était maintenant tout pâle de colère. – Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n’est pas plus sérieux et plus important que les additions d’un gros Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça ! Il rougit, puis reprit – Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit Ma fleur est là quelque part… » Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça ! Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais La fleur que tu aimes n’est pas en danger… Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton… Je te dessinerai une armure pour ta fleur… Je… » Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux, le pays des larmes. CHAPITRE VIII J’appris bien vite à mieux connaître cette fleur. Il y avait toujours eu, sur la planète du petit prince, des fleurs très simples, ornées d’un seul rang de pétales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient personne. Elles apparaissaient un matin dans l’herbe, et puis elles s’éteignaient le soir. Mais celle-là avait germé un jour, d’une graine apportée d’on ne sait où, et le petit prince avait surveillé de très près cette brindille qui ne ressemblait pas aux autres brindilles. Ça pouvait être un nouveau genre de baobab. Mais l’arbuste cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur. Le petit prince, qui assistait à l’installation d’un bouton énorme, sentait bien qu’il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n’en finissait pas de se préparer à être belle, à l’abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh ! oui. Elle était très coquette ! Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement à l’heure du lever du soleil, elle s’était montrée. Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant – Ah ! Je me réveille à peine… Je vous demande pardon… Je suis encore toute décoiffée… Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration – Que vous êtes belle ! – N’est-ce pas, répondit doucement la fleur. Et je suis née en même temps que le soleil… Le petit prince devina bien qu’elle n’était pas trop modeste, mais elle était si émouvante ! – C’est l’heure, je crois, du petit déjeuner, avait-elle bientôt ajouté, auriez-vous la bonté de penser à moi… Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d’eau fraîche, avait servi la fleur. Ainsi l’avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse. Un jour, par exemple, parlant de ses quatre épines, elle avait dit au petit prince – Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes ! – Il n’y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l’herbe. – Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur. – Pardonnez-moi… – Je ne crains rien des tigres, mais j’ai horreur des courants d’air. Vous n’auriez pas un paravent ? Horreur des courants d’air… ce n’est pas de chance, pour une plante, avait remarqué le petit prince. Cette fleur est bien compliquée… » – Le soir vous me mettrez sous globe. Il fait très froid chez vous. C’est mal installé. Là d’où je viens… Mais elle s’était interrompue. Elle était venue sous forme de graine. Elle n’avait rien pu connaître des autres mondes. Humiliée de s’être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort – Ce paravent ?… – J’allais le chercher mais vous me parliez ! Alors elle avait forcé sa toux pour lui infliger quand même des remords. Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d’elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux. J’aurais dû ne pas l’écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m’en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agacé, eût dû m’attendrir… » Il me confia encore Je n’ai alors rien su comprendre ! J’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir ! J’aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer. » CHAPITRE IX Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages. Au matin du départ il mit sa planète bien en ordre. Il ramona soigneusement ses volcans en activité. Il possédait deux volcans en activité. Et c’était bien commode pour faire chauffer le petit déjeuner du matin. Il possédait aussi un volcan éteint. Mais, comme il disait, On ne sait jamais ! » Il ramona donc également le volcan éteint. S’ils sont bien ramonés, les volcans brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions. Les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée. Évidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour ramoner nos volcans. C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis. Le petit prince arracha aussi, avec un peu de mélancolie, les dernières pousses de baobabs. Il croyait ne jamais devoir revenir. Mais tous ces travaux familiers lui parurent, ce matin-là, extrêmement doux. Et, quand il arrosa une dernière fois la fleur, et se prépara à la mettre à l’abri sous son globe, il se découvrit l’envie de pleurer. – Adieu, dit-il à la fleur. Mais elle ne lui répondit pas. – Adieu, répéta-t-il. La fleur toussa. Mais ce n’était pas à cause de son rhume. – J’ai été sotte, lui dit-elle enfin. Je te demande pardon. Tâche d’être heureux. Il fut surpris par l’absence de reproches. Il restait là tout déconcerté, le globe en l’air. Il ne comprenait pas cette douceur calme. – Mais oui, je t’aime, lui dit la fleur. Tu n’en as rien su, par ma faute. Cela n’a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d’être heureux… Laisse ce globe tranquille. Je n’en veux plus. – Mais le vent… – Je ne suis pas si enrhumée que ça… L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur. – Mais les bêtes… – Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau. Sinon qui me rendra visite ? Tu seras loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J’ai mes griffes. Et elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta – Ne traîne pas comme ça, c’est agaçant. Tu as décidé de partir. Va-t’en. Car elle ne voulait pas qu’il la vît pleurer. C’était une fleur tellement orgueilleuse… CHAPITRE X Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s’instruire. La première était habitée par un roi. Le roi siégeait, habillé de pourpre et d’hermine, sur un trône très simple et cependant majestueux. – Ah ! Voilà un sujet, s’écria le roi quand il aperçut le petit prince. Et le petit prince se demanda Comment peut-il me reconnaître puisqu’il ne m’a encore jamais vu ! » Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets. – Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d’être roi pour quelqu’un. Le petit prince chercha des yeux où s’asseoir, mais la planète était toute encombrée par le magnifique manteau d’hermine. Il resta donc debout, et, comme il était fatigué, il bâilla. – Il est contraire à l’étiquette de bâiller en présence d’un roi, lui dit le monarque. Je te l’interdis. – Je ne peux pas m’en empêcher, répondit le petit prince tout confus. J’ai fait un long voyage et je n’ai pas dormi… – Alors, lui dit le roi, je t’ordonne de bâiller. Je n’ai vu personne bâiller depuis des années. Les bâillements sont pour moi des curiosités. Allons ! bâille encore. C’est un ordre. – Ça m’intimide… je ne peux plus… fit le petit prince tout rougissant. – Hum ! Hum ! répondit le roi. Alors je… je t’ordonne tantôt de bâiller et tantôt de… Il bredouillait un peu et paraissait vexé. Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait pas la désobéissance. C’était un monarque absolu. Mais, comme il était très bon, il donnait des ordres raisonnables. Si j’ordonnais, disait-il couramment, si j’ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer, et si le général n’obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute. » – Puis-je m’asseoir ? s’enquit timidement le petit prince. – Je t’ordonne de t’asseoir, lui répondit le roi, qui ramena majestueusement un pan de son manteau d’hermine. Mais le petit prince s’étonnait. La planète était minuscule. Sur quoi le roi pouvait-il bien régner ? – Sire, lui dit-il… je vous demande pardon de vous interroger… – Je t’ordonne de m’interroger, se hâta de dire le roi. – Sire… sur quoi régnez-vous ? – Sur tout, répondit le roi, avec une grande simplicité. – Sur tout ? Le roi d’un geste discret désigna sa planète, les autres planètes et les étoiles. – Sur tout ça ? dit le petit prince. – Sur tout ça… répondit le roi. Car non seulement c’était un monarque absolu mais c’était un monarque universel. – Et les étoiles vous obéissent ? – Bien sûr, lui dit le roi. Elles obéissent aussitôt. Je ne tolère pas l’indiscipline. Un tel pouvoir émerveilla le petit prince. S’il l’avait détenu lui-même, il aurait pu assister, non pas à quarante-quatre, mais à soixante-douze, ou même à cent, ou même à deux cents couchers de soleil dans la même journée, sans avoir jamais à tirer sa chaise ! Et comme il se sentait un peu triste à cause du souvenir de sa petite planète abandonnée, il s’enhardit à solliciter une grâce du roi – Je voudrais voir un coucher de soleil… Faites-moi plaisir… Ordonnez au soleil de se coucher… – Si j’ordonnais à un général de voler d’une fleur à l’autre à la façon d’un papillon, ou d’écrire une tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général n’exécutait pas l’ordre reçu, qui, de lui ou de moi, serait dans son tort ? – Ce serait vous, dit fermement le petit prince. – Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi. L’autorité repose d’abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d’aller se jeter à la mer, il fera la révolution. J’ai le droit d’exiger l’obéissance parce que mes ordres sont raisonnables. – Alors mon coucher de soleil ? rappela le petit prince qui jamais n’oubliait une question une fois qu’il l’avait posée. – Ton coucher de soleil, tu l’auras. Je l’exigerai. Mais j’attendrai, dans ma science du gouvernement, que les conditions soient favorables. – Quand ça sera-t-il ? s’informa le petit prince. – Hem ! hem ! lui répondit le roi, qui consulta d’abord un gros calendrier, hem ! hem ! ce sera, vers… vers… ce sera ce soir vers sept heures quarante ! Et tu verras comme je suis bien obéi. Le petit prince bâilla. Il regrettait son coucher de soleil manqué. Et puis il s’ennuyait déjà un peu – Je n’ai plus rien à faire ici, dit-il au roi. Je vais repartir ! – Ne pars pas, répondit le roi qui était si fier d’avoir un sujet. Ne pars pas, je te fais ministre ! – Ministre de quoi ? – De… de la justice ! – Mais il n’y a personne à juger ! – On ne sait pas, lui dit le roi. Je n’ai pas fait encore le tour de mon royaume. Je suis très vieux, je n’ai pas de place pour un carrosse, et ça me fatigue de marcher. – Oh ! Mais j’ai déjà vu, dit le petit prince qui se pencha pour jeter encore un coup d’œil sur l’autre côté de la planète. Il n’y a personne là-bas non plus… – Tu te jugeras donc toi-même, lui répondit le roi. C’est le plus difficile. Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis à bien te juger, c’est que tu es un véritable sage. – Moi, dit le petit prince, je puis me juger moi-même n’importe où. Je n’ai pas besoin d’habiter ici. – Hem ! Hem ! dit le roi, je crois bien que sur ma planète il y a quelque part un vieux rat. Je l’entends la nuit. Tu pourras juger ce vieux rat. Tu le condamneras à mort de temps en temps. Ainsi sa vie dépendra de ta justice. Mais tu le gracieras chaque fois pour l’économiser. Il n’y en a qu’un. – Moi, répondit le petit prince, je n’aime pas condamner à mort, et je crois bien que je m’en vais. – Non, dit le roi. Mais le petit prince, ayant achevé ses préparatifs, ne voulut point peiner le vieux monarque – Si Votre Majesté désirait être obéie ponctuellement, elle pourrait me donner un ordre raisonnable. Elle pourrait m’ordonner, par exemple, de partir avant une minute. Il me semble que les conditions sont favorables… Le roi n’ayant rien répondu, le petit prince hésita d’abord, puis, avec un soupir, prit le départ. – Je te fais mon ambassadeur, se hâta alors de crier le roi. Il avait un grand air d’autorité. Les grandes personnes sont bien étranges », se dit le petit prince, en lui-même, durant son voyage. CHAPITRE XI La seconde planète était habitée par un vaniteux – Ah ! Ah ! Voilà la visite d’un admirateur ! s’écria de loin le vaniteux dès qu’il aperçut le petit prince. Car, pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs. – Bonjour, dit le petit prince. Vous avez un drôle de chapeau. – C’est pour saluer, lui répondit le vaniteux. C’est pour saluer quand on m’acclame. Malheureusement il ne passe jamais personne par ici. – Ah oui ? dit le petit prince qui ne comprit pas. – Frappe tes mains l’une contre l’autre, conseilla donc le vaniteux. Le petit prince frappa ses mains l’une contre l’autre. Le vaniteux salua modestement en soulevant son chapeau. Ça c’est plus amusant que la visite au roi », se dit en lui-même le petit prince. Et il recommença de frapper ses mains l’une contre l’autre. Le vaniteux recommença de saluer en soulevant son chapeau. Après cinq minutes d’exercice le petit prince se fatigua de la monotonie du jeu – Et, pour que le chapeau tombe, demanda-t-il, que faut-il faire ? Mais le vaniteux ne l’entendit pas. Les vaniteux n’entendent jamais que les louanges. – Est-ce que tu m’admires vraiment beaucoup ? demanda-t-il au petit prince. – Qu’est-ce que signifie admirer ? – Admirer signifie reconnaître que je suis l’homme le plus beau, le mieux habillé, le plus riche et le plus intelligent de la planète. – Mais tu es seul sur ta planète ! – Fais-moi ce plaisir. Admire-moi quand même ! – Je t’admire, dit le petit prince, en haussant un peu les épaules, mais en quoi cela peut-il bien t’intéresser ? Et le petit prince s’en fut. Les grandes personnes sont décidément bien bizarres », se dit-il simplement en lui-même durant son voyage. CHAPITRE XII La planète suivante était habitée par un buveur. Cette visite fut très courte, mais elle plongea le petit prince dans une grande mélancolie – Que fais-tu là ? dit-il au buveur, qu’il trouva installé en silence devant une collection de bouteilles vides et une collection de bouteilles pleines. – Je bois, répondit le buveur, d’un air lugubre. – Pourquoi bois-tu ? lui demanda le petit prince. – Pour oublier, répondit le buveur. – Pour oublier quoi ? s’enquit le petit prince qui déjà le plaignait. – Pour oublier que j’ai honte, avoua le buveur en baissant la tête. – Honte de quoi ? s’informa le petit prince qui désirait le secourir. – Honte de boire ! acheva le buveur qui s’enferma définitivement dans le silence. Et le petit prince s’en fut, perplexe. Les grandes personnes sont décidément très très bizarres », se disait-il en lui-même durant le voyage. CHAPITRE XIII La quatrième planète était celle du businessman. Cet homme était si occupé qu’il ne leva même pas la tête à l’arrivée du petit prince. – Bonjour, lui dit celui-ci. Votre cigarette est éteinte. – Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze. Douze et trois quinze. Bonjour. Quinze et sept vingt-deux. Vingt-deux et six vingt-huit. Pas le temps de la rallumer. Vingt-six et cinq trente et un. Ouf ! Ça fait donc cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un. – Cinq cents millions de quoi ? – Hein ? Tu es toujours là ? Cinq cent un millions de… je ne sais plus… J’ai tellement de travail ! Je suis sérieux, moi, je ne m’amuse pas à des balivernes ! Deux et cinq sept… – Cinq cent un millions de quoi ? répéta le petit prince qui jamais de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée. Le businessman leva la tête – Depuis cinquante-quatre ans que j’habite cette planète-ci, je n’ai été dérangé que trois fois. La première fois ç’a été, il y a vingt-deux ans, par un hanneton qui était tombé Dieu sait d’où. Il répandait un bruit épouvantable, et j’ai fait quatre erreurs dans une addition. La seconde fois ç’a été, il y a onze ans, par une crise de rhumatisme. Je manque d’exercice. Je n’ai pas le temps de flâner. Je suis sérieux, moi. La troisième fois… la voici ! Je disais donc cinq cent un millions… – Millions de quoi ? Le businessman comprit qu’il n’était point d’espoir de paix – Millions de ces petites choses que l’on voit quelquefois dans le ciel. – Des mouches ? – Mais non, des petites choses qui brillent. – Des abeilles ? – Mais non. Des petites choses dorées qui font rêvasser les fainéants. Mais je suis sérieux, moi ! Je n’ai pas le temps de rêvasser. – Ah ! des étoiles ? – C’est bien ça. Des étoiles. – Et que fais-tu de cinq cents millions d’étoiles ? – Cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un. Je suis sérieux, moi, je suis précis. – Et que fais-tu de ces étoiles ? – Ce que j’en fais ? – Oui. – Rien. Je les possède. – Tu possèdes les étoiles ? – Oui. – Mais j’ai déjà vu un roi qui… – Les rois ne possèdent pas. Ils règnent » sur. C’est très différent. – Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ? – Ça me sert à être riche. – Et à quoi cela te sert-il d’être riche ? – À acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve. Celui-là, se dit en lui-même le petit prince, il raisonne un peu comme mon ivrogne. » Cependant il posa encore des questions – Comment peut-on posséder les étoiles ? – À qui sont-elles ? riposta, grincheux, le businessman. – Je ne sais pas. À personne. – Alors elles sont à moi, car j’y ai pensé le premier. – Ça suffit ? – Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n’est à personne, il est à toi. Quand tu trouves une île qui n’est à personne, elle est à toi. Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter elle est à toi. Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n’a songé à les posséder. – Ça c’est vrai, dit le petit prince. Et qu’en fais-tu ? – Je les gère. Je les compte et je les recompte, dit le businessman. C’est difficile. Mais je suis un homme sérieux ! Le petit prince n’était pas satisfait encore. – Moi, si je possède un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l’emporter. Moi, si je possède une fleur, je puis cueillir ma fleur et l’emporter. Mais tu ne peux pas cueillir les étoiles ! – Non, mais je puis les placer en banque. – Qu’est-ce que ça veut dire ? – Ça veut dire que j’écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles. Et puis j’enferme à clef ce papier-là dans un tiroir. – Et c’est tout ? – Ça suffit ! C’est amusant, pensa le petit prince. C’est assez poétique. Mais ce n’est pas très sérieux. » Le petit prince avait sur les choses sérieuses des idées très différentes des idées des grandes personnes. – Moi, dit-il encore, je possède une fleur que j’arrose tous les jours. Je possède trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est éteint. On ne sait jamais. C’est utile à mes volcans, et c’est utile à ma fleur, que je les possède. Mais tu n’es pas utile aux étoiles… Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre, et le petit prince s’en fut. Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires », se disait-il simplement en lui-même durant le voyage. CHAPITRE XIV La cinquième planète était très curieuse. C’était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s’expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli. » Lorsqu’il aborda la planète il salua respectueusement l’allumeur – Bonjour. Pourquoi viens-tu d’éteindre ton réverbère ? – C’est la consigne, répondit l’allumeur. Bonjour. – Qu’est-ce que la consigne ? – C’est d’éteindre mon réverbère. Bonsoir. Et il le ralluma. – Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ? – C’est la consigne, répondit l’allumeur. – Je ne comprends pas, dit le petit prince. – Il n’y a rien à comprendre, dit l’allumeur. La consigne c’est la consigne. Bonjour. Et il éteignit son réverbère. Puis il s’épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges. – Je fais là un métier terrible. C’était raisonnable autrefois. J’éteignais le matin et j’allumais le soir. J’avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir… – Et, depuis cette époque, la consigne a changé ? – La consigne n’a pas changé, dit l’allumeur. C’est bien là le drame ! La planète d’année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n’a pas changé ! – Alors ? dit le petit prince. – Alors maintenant qu’elle fait un tour par minute, je n’ai plus une seconde de repos. J’allume et j’éteins une fois par minute ! – Ça c’est drôle ! Les jours chez toi durent une minute ! – Ce n’est pas drôle du tout, dit l’allumeur. Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble. – Un mois ? – Oui. Trente minutes. Trente jours ! Bonsoir. Et il ralluma son réverbère. Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami – Tu sais… je connais un moyen de te reposer quand tu voudras… – Je veux toujours, dit l’allumeur. Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux. Le petit prince poursuivit – Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n’as qu’à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras… et le jour durera aussi longtemps que tu voudras. – Ça ne m’avance pas à grand’chose, dit l’allumeur. Ce que j’aime dans la vie, c’est dormir. – Ce n’est pas de chance, dit le petit prince. – Ce n’est pas de chance, dit l’allumeur. Bonjour. Et il éteignit son réverbère. Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu’il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant c’est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C’est, peut-être, parce qu’il s’occupe d’autre chose que de soi-même. » Il eut un soupir de regret et se dit encore Celui-là est le seul dont j’eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n’y a pas de place pour deux… » Ce que le petit prince n’osait pas s’avouer, c’est qu’il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures ! CHAPITRE XV La sixième planète était une planète dix fois plus vaste. Elle était habitée par un vieux Monsieur qui écrivait d’énormes livres. – Tiens ! voilà un explorateur ! s’écria-t-il, quand il aperçut le petit prince. Le petit prince s’assit sur la table et souffla un peu. Il avait déjà tant voyagé ! – D’où viens-tu ? lui dit le vieux Monsieur. – Quel est ce gros livre ? dit le petit prince. Que faites-vous ici ? – Je suis géographe, dit le vieux Monsieur. – Qu’est-ce qu’un géographe ? – C’est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts. – Ça c’est bien intéressant, dit le petit prince. Ça c’est enfin un véritable métier ! Et il jeta un coup d’œil autour de lui sur la planète du géographe. Il n’avait jamais vu encore une planète aussi majestueuse. – Elle est bien belle, votre planète. Est-ce qu’il y a des océans ? – Je ne puis pas le savoir, dit le géographe. – Ah ! Le petit prince était déçu. Et des montagnes ? – Je ne puis pas le savoir, dit le géographe. – Et des villes et des fleuves et des déserts ? – Je ne puis pas le savoir non plus, dit le géographe. – Mais vous êtes géographe ! – C’est exact, dit le géographe, mais je ne suis pas explorateur. Je manque absolument d’explorateurs. Ce n’est pas le géographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des océans et des déserts. Le géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau. Mais il y reçoit les explorateurs. Il les interroge, et il prend en note leurs souvenirs. Et si les souvenirs de l’un d’entre eux lui paraissent intéressants, le géographe fait faire une enquête sur la moralité de l’explorateur. – Pourquoi ça ? – Parce qu’un explorateur qui mentirait entraînerait des catastrophes dans les livres de géographie. Et aussi un explorateur qui boirait trop. – Pourquoi ça ? fit le petit prince. – Parce que les ivrognes voient double. Alors le géographe noterait deux montagnes, là où il n’y en a qu’une seule. – Je connais quelqu’un, dit le petit prince, qui serait mauvais explorateur. – C’est possible. Donc, quand la moralité de l’explorateur paraît bonne, on fait une enquête sur sa découverte. – On va voir ? – Non. C’est trop compliqué. Mais on exige de l’explorateur qu’il fournisse des preuves. S’il s’agit par exemple de la découverte d’une grosse montagne, on exige qu’il en rapporte de grosses pierres. Le géographe soudain s’émut. – Mais toi, tu viens de loin ! Tu es explorateur ! Tu vas me décrire ta planète ! Et le géographe, ayant ouvert son registre, tailla son crayon. On note d’abord au crayon les récits des explorateurs. On attend, pour noter à l’encre, que l’explorateur ait fourni des preuves. – Alors ? interrogea le géographe. – Oh ! chez moi, dit le petit prince, ce n’est pas très intéressant, c’est tout petit. J’ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un volcan éteint. Mais on ne sait jamais. – On ne sait jamais, dit le géographe. – J’ai aussi une fleur. – Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe. – Pourquoi ça ! c’est le plus joli ! – Parce que les fleurs sont éphémères. – Qu’est-ce que signifie éphémère » ? – Les géographies, dit le géographe, sont les livres les plus précieux de tous les livres. Elles ne se démodent jamais. Il est très rare qu’une montagne change de place. Il est très rare qu’un océan se vide de son eau. Nous écrivons des choses éternelles. – Mais les volcans éteints peuvent se réveiller, interrompit le petit prince. Qu’est-ce que signifie éphémère » ? – Que les volcans soient éteints ou soient éveillés, ça revient au même pour nous autres, dit le géographe. Ce qui compte pour nous, c’est la montagne. Elle ne change pas. – Mais qu’est-ce que signifie éphémère » ? répéta le petit prince qui, de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée. – Ça signifie qui est menacé de disparition prochaine ». – Ma fleur est menacée de disparition prochaine ? – Bien sûr. Ma fleur est éphémère, se dit le petit prince, et elle n’a que quatre épines pour se défendre contre le monde ! Et je l’ai laissée toute seule chez moi ! Ce fut là son premier mouvement de regret. Mais il reprit courage – Que me conseillez-vous d’aller visiter ? demanda-t-il. – La planète Terre, lui répondit le géographe. Elle a une bonne réputation… Et le petit prince s’en fut, songeant à sa fleur. CHAPITRE XVI La septième planète fut donc la Terre. La Terre n’est pas une planète quelconque ! On y compte cent onze rois en n’oubliant pas, bien sûr, les rois nègres, sept mille géographes, neuf cent mille businessmen, sept millions et demi d’ivrognes, trois cent onze millions de vaniteux, c’est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes. Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai qu’avant l’invention de l’électricité on y devait entretenir, sur l’ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères. Vu d’un peu loin ça faisait un effet splendide. Les mouvements de cette armée étaient réglés comme ceux d’un ballet d’opéra. D’abord venait le tour des allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Puis ceux-ci, ayant allumé leurs lampions, s’en allaient dormir. Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine et de Sibérie. Puis eux aussi s’escamotaient dans les coulisses. Alors venait le tour des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes. Puis de ceux d’Afrique et d’Europe. Puis de ceux d’Amérique du Sud. Puis de ceux d’Amérique du Nord. Et jamais ils ne se trompaient dans leur ordre d’entrée en scène. C’était grandiose. Seuls, l’allumeur de l’unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l’unique réverbère du pôle Sud, menaient des vies d’oisiveté et de nonchalance ils travaillaient deux fois par an. CHAPITRE XVII Quand on veut faire de l’esprit, il arrive que l’on mente un peu. Je n’ai pas été très honnête en vous parlant des allumeurs de réverbères. Je risque de donner une fausse idée de notre planète à ceux qui ne la connaissent pas. Les hommes occupent très peu de place sur la terre. Si les deux milliards d’habitants qui peuplent la terre se tenaient debout et un peu serrés, comme pour un meeting, ils logeraient aisément sur une place publique de vingt milles de long sur vingt milles de large. On pourrait entasser l’humanité sur le moindre petit îlot du Pacifique. Les grandes personnes, bien sûr, ne vous croiront pas. Elles s’imaginent tenir beaucoup de place. Elles se voient importantes comme des baobabs. Vous leur conseillerez donc de faire le calcul. Elles adorent les chiffres ça leur plaira. Mais ne perdez pas votre temps à ce pensum. C’est inutile. Vous avez confiance en moi. Le petit prince, une fois sur terre, fut donc bien surpris de ne voir personne. Il avait déjà peur de s’être trompé de planète, quand un anneau couleur de lune remua dans le sable. – Bonne nuit, fit le petit prince à tout hasard. – Bonne nuit, fit le serpent. – Sur quelle planète suis-je tombé ? demanda le petit prince. – Sur la Terre, en Afrique, répondit le serpent. – Ah !… Il n’y a donc personne sur la Terre ? – Ici c’est le désert. Il n’y a personne dans les déserts. La Terre est grande, dit le serpent. Le petit prince s’assit sur une pierre et leva les yeux vers le ciel – Je me demande, dit-il, si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Regarde ma planète. Elle est juste au-dessus de nous… Mais comme elle est loin ! – Elle est belle, dit le serpent. Que viens-tu faire ici ? – J’ai des difficultés avec une fleur, dit le petit prince. – Ah ! fit le serpent. Et ils se turent. – Où sont les hommes ? reprit enfin le petit prince. On est un peu seul dans le désert… – On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent. Le petit prince le regarda longtemps – Tu es une drôle de bête, lui dit-il enfin, mince comme un doigt… – Mais je suis plus puissant que le doigt d’un roi, dit le serpent. Le petit prince eut un sourire – Tu n’es pas bien puissant… tu n’as même pas de pattes… tu ne peux même pas voyager… – Je puis t’emporter plus loin qu’un navire, dit le serpent. Il s’enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d’or – Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti, dit-il encore. Mais tu es pur et tu viens d’une étoile… Le petit prince ne répondit rien. – Tu me fais pitié, toi si faible, sur cette Terre de granit. Je puis t’aider un jour si tu regrettes trop ta planète. Je puis… – Oh ! J’ai très bien compris, fit le petit prince, mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes ? – Je les résous toutes, dit le serpent. Et ils se turent. CHAPITRE XVIII Le petit prince traversa le désert et ne rencontra qu’une fleur. Une fleur à trois pétales, une fleur de rien du tout… – Bonjour, dit le petit prince. – Bonjour, dit la fleur. – Où sont les hommes ? demanda poliment le petit prince. La fleur, un jour, avait vu passer une caravane – Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup. – Adieu, fit le petit prince. – Adieu, dit la fleur. CHAPITRE XIX Le petit prince fit l’ascension d’une haute montagne. Les seules montagnes qu’il eût jamais connues étaient les trois volcans qui lui arrivaient au genou. Et il se servait du volcan éteint comme d’un tabouret. D’une montagne haute comme celle-ci, se dit-il donc, j’apercevrai d’un coup toute la planète et tous les hommes… » Mais il n’aperçut rien que des aiguilles de roc bien aiguisées. – Bonjour, dit-il à tout hasard. – Bonjour… Bonjour… Bonjour… répondit l’écho. – Qui êtes-vous ? dit le petit prince. – Qui êtes-vous… qui êtes-vous… qui êtes-vous… répondit l’écho. – Soyez mes amis, je suis seul, dit-il. – Je suis seul… je suis seul… je suis seul… répondit l’écho. Quelle drôle de planète ! pensa-t-il alors. Elle est toute sèche, et toute pointue et toute salée. Et les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce qu’on leur dit… Chez moi j’avais une fleur elle parlait toujours la première… » CHAPITRE XX Mais il arriva que le petit prince, ayant longtemps marché à travers les sables, les rocs et les neiges, découvrit enfin une route. Et les routes vont toutes chez les hommes. – Bonjour, dit-il. C’était un jardin fleuri de roses. – Bonjour, dirent les roses. Le petit prince les regarda. Elles ressemblaient toutes à sa fleur. – Qui êtes-vous ? leur demanda-t-il, stupéfait. – Nous sommes des roses, dirent les roses. – Ah ! fit le petit prince… Et il se sentit très malheureux. Sa fleur lui avait raconté qu’elle était seule de son espèce dans l’univers. Et voici qu’il en était cinq mille, toutes semblables, dans un seul jardin ! Elle serait bien vexée, se dit-il, si elle voyait ça… elle tousserait énormément et ferait semblant de mourir pour échapper au ridicule. Et je serais bien obligé de faire semblant de la soigner, car, sinon, pour m’humilier moi aussi, elle se laisserait vraiment mourir… » Puis il se dit encore Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède qu’une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m’arrivent au genou, et dont l’un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince… » Et, couché dans l’herbe, il pleura. CHAPITRE XXI C’est alors qu’apparut le renard. – Bonjour, dit le renard. – Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien. – Je suis là, dit la voix, sous le pommier. – Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli… – Je suis un renard, dit le renard. – Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste… – Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé. – Ah ! pardon, fit le petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta – Qu’est-ce que signifie apprivoiser » ? – Tu n’es pas d’ici, dit le renard, que cherches-tu ? – Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu’est-ce que signifie apprivoiser » ? – Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C’est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ? – Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie apprivoiser » ? – C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie créer des liens… » – Créer des liens ? – Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… – Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé… – C’est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses… – Oh ! ce n’est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué – Sur une autre planète ? – Oui. – Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ? – Non. – Ça, c’est intéressant ! Et des poules ? – Non. – Rien n’est parfait, soupira le renard. Mais le renard revint à son idée – Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé… Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince – S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il. – Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître. – On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi ! – Que faut-il faire ? dit le petit prince. – Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… Le lendemain revint le petit prince. – Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur… Il faut des rites. – Qu’est-ce qu’un rite ? dit le petit prince. – C’est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu’à la vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances. Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche – Ah ! dit le renard… Je pleurerai. – C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise… – Bien sûr, dit le renard. – Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince. – Bien sûr, dit le renard. – Alors tu n’y gagnes rien ! – J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. Puis il ajouta – Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret. Le petit prince s’en fut revoir les roses. – Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. Et les roses étaient bien gênées. – Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles sauf les deux ou trois pour les papillons. Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose. Et il revint vers le renard – Adieu, dit-il… – Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. – L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. – C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. – C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir. – Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose… – Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir. CHAPITRE XXII – Bonjour, dit le petit prince. – Bonjour, dit l’aiguilleur. – Que fais-tu ici ? dit le petit prince. – Je trie les voyageurs, par paquets de mille, dit l’aiguilleur. J’expédie les trains qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. Et un rapide illuminé, grondant comme le tonnerre, fit trembler la cabine d’aiguillage. – Ils sont bien pressés, dit le petit prince. Que cherchent-ils ? – L’homme de la locomotive l’ignore lui-même, dit l’aiguilleur. Et gronda, en sens inverse, un second rapide illuminé. – Ils reviennent déjà ? demanda le petit prince… – Ce ne sont pas les mêmes, dit l’aiguilleur. C’est un échange. – Ils n’étaient pas contents, là où ils étaient ? – On n’est jamais content là où l’on est, dit l’aiguilleur. Et gronda le tonnerre d’un troisième rapide illuminé. – Ils poursuivent les premiers voyageurs ? demanda le petit prince. – Ils ne poursuivent rien du tout, dit l’aiguilleur. Ils dorment là-dedans, ou bien ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres. – Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent, fit le petit prince. Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent… – Ils ont de la chance, dit l’aiguilleur. CHAPITRE XXIII – Bonjour, dit le petit prince. – Bonjour, dit le marchand. C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire. – Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince. – C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine. – Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ? – On en fait ce que l’on veut… Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine… » CHAPITRE XXIV Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert, et j’avais écouté l’histoire du marchand en buvant la dernière goutte de ma provision d’eau – Ah ! dis-je au petit prince, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n’ai pas encore réparé mon avion, je n’ai plus rien à boire, et je serais heureux, moi aussi, si je pouvais marcher tout doucement vers une fontaine ! – Mon ami le renard, me dit-il… – Mon petit bonhomme, il ne s’agit plus du renard ! – Pourquoi ? – Parce qu’on va mourir de soif… Il ne comprit pas mon raisonnement, il me répondit – C’est bien d’avoir eu un ami, même si l’on va mourir. Moi, je suis bien content d’avoir eu un ami renard… Il ne mesure pas le danger, me dis-je. Il n’a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit… » Mais il me regarda et répondit à ma pensée – J’ai soif aussi… cherchons un puits… J’eus un geste de lassitude il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l’immensité du désert. Cependant nous nous mîmes en marche. Quand nous eûmes marché, des heures, en silence, la nuit tomba, et les étoiles commencèrent de s’éclairer. Je les apercevais comme en rêve, ayant un peu de fièvre, à cause de ma soif. Les mots du petit prince dansaient dans ma mémoire – Tu as donc soif, toi aussi ? lui demandai-je. Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit simplement – L’eau peut aussi être bonne pour le cœur… Je ne compris pas sa réponse mais je me tus… Je savais bien qu’il ne fallait pas l’interroger. Il était fatigué. Il s’assit. Je m’assis auprès de lui. Et, après un silence, il dit encore – Les étoiles sont belles, à cause d’une fleur que l’on ne voit pas… Je répondis bien sûr » et je regardai, sans parler, les plis du sable sous la lune. – Le désert est beau, ajouta-t-il… Et c’était vrai. J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence… – Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c’est qu’il cache un puits quelque part… Je fus surpris de comprendre soudain ce mystérieux rayonnement du sable. Lorsque j’étais petit garçon j’habitais une maison ancienne, et la légende racontait qu’un trésor y était enfoui. Bien sûr, jamais personne n’a su le découvrir, ni peut-être même ne l’a cherché. Mais il enchantait toute cette maison. Ma maison cachait un secret au fond de son cœur… – Oui, dis-je au petit prince, qu’il s’agisse de la maison, des étoiles ou du désert, ce qui fait leur beauté est invisible ! – Je suis content, dit-il, que tu sois d’accord avec mon renard. Comme le petit prince s’endormait, je le pris dans mes bras, et me remis en route. J’étais ému. Il me semblait porter un trésor fragile. Il me semblait même qu’il n’y eût rien de plus fragile sur la Terre. Je regardais, à la lumière de la lune, ce front pâle, ces yeux clos, ces mèches de cheveux qui tremblaient au vent, et je me disais Ce que je vois là n’est qu’une écorce. Le plus important est invisible… » Comme ses lèvres entr’ouvertes ébauchaient un demi-sourire je me dis encore Ce qui m’émeut si fort de ce petit prince endormi, c’est sa fidélité pour une fleur, c’est l’image d’une rose qui rayonne en lui comme la flamme d’une lampe, même quand il dort… » Et je le devinai plus fragile encore. Il faut bien protéger les lampes un coup de vent peut les éteindre… Et, marchant ainsi, je découvris le puits au lever du jour. CHAPITRE XXV – Les hommes, dit le petit prince, ils s’enfournent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu’ils cherchent. Alors ils s’agitent et tournent en rond… Et il ajouta – Ce n’est pas la peine… Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n’y avait là aucun village, et je croyais rêver. – C’est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt la poulie, le seau et la corde… Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi. – Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante… Je ne voulais pas qu’il fît un effort – Laisse-moi faire, lui dis-je, c’est trop lourd pour toi. Lentement je hissai le seau jusqu’à la margelle. Je l’y installai bien d’aplomb. Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l’eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil. – J’ai soif de cette eau-là, dit le petit prince, donne-moi à boire… Et je compris ce qu’il avait cherché ! Je soulevai le seau jusqu’à ses lèvres. Il but, les yeux fermés. C’était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment. Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l’effort de mes bras. Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau. Lorsque j’étais petit garçon, la lumière de l’arbre de Noël, la musique de la messe de minuit, la douceur des sourires faisaient ainsi tout le rayonnement du cadeau de Noël que je recevais. – Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un même jardin… et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent… – Ils ne le trouvent pas, répondis-je… – Et cependant ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d’eau… – Bien sûr, répondis-je. Et le petit prince ajouta – Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur. J’avais bu. Je respirais bien. Le sable, au lever du jour, est couleur de miel. J’étais heureux aussi de cette couleur de miel. Pourquoi fallait-il que j’eusse de la peine… – Il faut que tu tiennes ta promesse, me dit doucement le petit prince, qui, de nouveau, s’était assis auprès de moi. – Quelle promesse ? – Tu sais… une muselière pour mon mouton… je suis responsable de cette fleur ! Je sortis de ma poche mes ébauches de dessin. Le petit prince les aperçut et dit en riant – Tes baobabs, ils ressemblent un peu à des choux… – Oh ! Moi qui étais si fier des baobabs ! – Ton renard… ses oreilles… elles ressemblent un peu à des cornes… et elles sont trop longues ! Et il rit encore. – Tu es injuste, petit bonhomme, je ne savais rien dessiner que les boas fermés et les boas ouverts. – Oh ! ça ira, dit-il, les enfants savent. Je crayonnai donc une muselière. Et j’eus le cœur serré en la lui donnant – Tu as des projets que j’ignore… Mais il ne me répondit pas. Il me dit – Tu sais, ma chute sur la Terre… c’en sera demain l’anniversaire… Puis, après un silence il dit encore – J’étais tombé tout près d’ici… Et il rougit. Et de nouveau, sans comprendre pourquoi, j’éprouvai un chagrin bizarre. Cependant une question me vint – Alors ce n’est pas par hasard que, le matin où je t’ai connu, il y a huit jours, tu te promenais comme ça, tout seul, à mille milles de toutes les régions habitées ! Tu retournais vers le point de ta chute ? Le petit prince rougit encore. Et j’ajoutai, en hésitant – À cause, peut-être, de l’anniversaire ?… Le petit prince rougit de nouveau. Il ne répondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ça signifie oui », n’est-ce pas ? – Ah ! lui dis-je, j’ai peur… Mais il me répondit – Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine. Je t’attends ici. Reviens demain soir… Mais je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser… CHAPITRE XXVI Il y avait, à côté du puits, une ruine de vieux mur de pierre. Lorsque je revins de mon travail, le lendemain soir, j’aperçus de loin mon petit prince assis là-haut, les jambes pendantes. Et je l’entendis qui parlait – Tu ne t’en souviens donc pas ? disait-il. Ce n’est pas tout à fait ici ! Une autre voix lui répondit sans doute, puisqu’il répliqua – Si ! Si ! c’est bien le jour, mais ce n’est pas ici l’endroit… Je poursuivis ma marche vers le mur. Je ne voyais ni n’entendais toujours personne. Pourtant le petit prince répliqua de nouveau – … Bien sûr. Tu verras où commence ma trace dans le sable. Tu n’as qu’à m’y attendre. J’y serai cette nuit. J’étais à vingt mètres du mur et je ne voyais toujours rien. Le petit prince dit encore, après un silence – Tu as du bon venin ? Tu es sûr de ne pas me faire souffrir longtemps ? Je fis halte, le cœur serré, mais je ne comprenais toujours pas. – Maintenant va-t’en, dit-il… je veux redescendre ! Alors j’abaissai moi-même les yeux vers le pied du mur, et je fis un bond ! Il était là, dressé vers le petit prince, un de ces serpents jaunes qui vous exécutent en trente secondes. Tout en fouillant ma poche pour en tirer mon revolver, je pris le pas de course, mais, au bruit que je fis, le serpent se laissa doucement couler dans le sable, comme un jet d’eau qui meurt, et, sans trop se presser, se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal. Je parvins au mur juste à temps pour y recevoir dans les bras mon petit bonhomme de prince, pâle comme la neige. – Quelle est cette histoire-là ! Tu parles maintenant avec les serpents ! J’avais défait son éternel cache-nez d’or. Je lui avais mouillé les tempes et l’avais fait boire. Et maintenant je n’osais plus rien lui demander. Il me regarda gravement et m’entoura le cou de ses bras. Je sentais battre son cœur comme celui d’un oiseau qui meurt, quand on l’a tiré à la carabine. Il me dit – Je suis content que tu aies trouvé ce qui manquait à ta machine. Tu vas pouvoir rentrer chez toi… – Comment sais-tu ! Je venais justement lui annoncer que, contre toute espérance, j’avais réussi mon travail ! Il ne répondit rien à ma question, mais il ajouta – Moi aussi, aujourd’hui, je rentre chez moi… Puis, mélancolique – C’est bien plus loin… c’est bien plus difficile… Je sentais bien qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Je le serrais dans les bras comme un petit enfant, et cependant il me semblait qu’il coulait verticalement dans un abîme sans que je pusse rien pour le retenir… Il avait le regard sérieux, perdu très loin – J’ai ton mouton. Et j’ai la caisse pour le mouton. Et j’ai la muselière… Et il sourit avec mélancolie. J’attendis longtemps. Je sentais qu’il se réchauffait peu à peu – Petit bonhomme, tu as eu peur… Il avait eu peur, bien sûr ! Mais il rit doucement – J’aurai bien plus peur ce soir… De nouveau je me sentis glacé par le sentiment de l’irréparable. Et je compris que je ne supportais pas l’idée de ne plus jamais entendre ce rire. C’était pour moi comme une fontaine dans le désert. – Petit bonhomme, je veux encore t’entendre rire… Mais il me dit – Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l’endroit où je suis tombé l’année dernière… – Petit bonhomme, n’est-ce pas que c’est un mauvais rêve cette histoire de serpent et de rendez-vous et d’étoile… Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit – Ce qui est important, ça ne se voit pas… – Bien sûr… – C’est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries. – Bien sûr… – C’est comme pour l’eau. Celle que tu m’as donnée à boire était comme une musique, à cause de la poulie et de la corde… tu te rappelles… elle était bonne. – Bien sûr… – Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau… Il rit encore. – Ah ! petit bonhomme, petit bonhomme j’aime entendre ce rire ! – Justement ce sera mon cadeau… ce sera comme pour l’eau… – Que veux-tu dire ? – Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d’autres, qui sont savants, elles sont des problèmes. Pour mon businessman elles étaient de l’or. Mais toutes ces étoiles-là se taisent. Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a… – Que veux-tu dire ? – Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! Et il rit encore. – Et quand tu seras consolé on se console toujours tu seras content de m’avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir… Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire ! » Et ils te croiront fou. Je t’aurai joué un bien vilain tour… Et il rit encore. – Ce sera comme si je t’avais donné, au lieu d’étoiles, des tas de petits grelots qui savent rire… Et il rit encore. Puis il redevint sérieux – Cette nuit… tu sais… ne viens pas. – Je ne te quitterai pas. – J’aurai l’air d’avoir mal… j’aurai un peu l’air de mourir. C’est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n’est pas la peine… – Je ne te quitterai pas. Mais il était soucieux. – Je te dis ça… c’est à cause aussi du serpent. Il ne faut pas qu’il te morde… Les serpents, c’est méchant. Ça peut mordre pour le plaisir… – Je ne te quitterai pas. Mais quelque chose le rassura – C’est vrai qu’ils n’ont plus de venin pour la seconde morsure… Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s’était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d’un pas rapide. Il me dit seulement – Ah ! tu es là… Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore – Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai… Moi je me taisais. – Tu comprends. C’est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C’est trop lourd. Moi je me taisais. – Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n’est pas triste les vieilles écorces… Moi je me taisais. Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort – Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à boire… Moi je me taisais. – Ce sera tellement amusant ! Tu auras cinq cents millions de grelots, j’aurai cinq cents millions de fontaines… Et il se tut aussi, parce qu’il pleurait… – C’est là. Laisse-moi faire un pas tout seul. Et il s’assit parce qu’il avait peur. Il dit encore – Tu sais… ma fleur… j’en suis responsable ! Et elle est tellement faible ! Et elle est tellement naïve. Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde… Moi je m’assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit – Voilà… C’est tout… Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas. Moi je ne pouvais pas bouger. Il n’y eut rien qu’un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable. CHAPITRE XXVII Et maintenant, bien sûr, ça fait six ans déjà… Je n’ai jamais encore raconté cette histoire. Les camarades qui m’ont revu ont été bien contents de me revoir vivant. J’étais triste mais je leur disais C’est la fatigue… » Maintenant je me suis un peu consolé. C’est-à-dire… pas tout à fait. Mais je sais bien qu’il est revenu à sa planète, car, au lever du jour, je n’ai pas retrouvé son corps. Ce n’était pas un corps tellement lourd… Et j’aime la nuit écouter les étoiles. C’est comme cinq cent millions de grelots… Mais voilà qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. La muselière que j’ai dessinée pour le petit prince, j’ai oublié d’y ajouter la courroie de cuir ! Il n’aura jamais pu l’attacher au mouton. Alors je me demande Que s’est-il passé sur sa planète ? Peut-être bien que le mouton a mangé la fleur… » Tantôt je me dis Sûrement non ! Le petit prince enferme sa fleur toutes les nuits sous son globe de verre, et il surveille bien son mouton… » Alors je suis heureux. Et toutes les étoiles rient doucement. Tantôt je me dis On est distrait une fois ou l’autre, et ça suffit ! Il a oublié, un soir, le globe de verre, ou bien le mouton est sorti sans bruit pendant la nuit… » Alors les grelots se changent tous en larmes !… C’est là un bien grand mystère. Pour vous qui aimez aussi le petit prince, comme pour moi, rien de l’univers n’est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose… Regardez le ciel. Demandez-vous le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? Et vous verrez comme tout change… Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance ! Ça c’est, pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde. C’est le même paysage que celui de la page précédente, mais je l’ai dessiné une fois encore pour bien vous le montrer. C’est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu. Regardez attentivement ce paysage afin d’être sûrs de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s’il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l’étoile ! Si alors un enfant vient à vous, s’il rit, s’il a des cheveux d’or, s’il ne répond pas quand on l’interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils ! Ne me laissez pas tellement triste écrivez-moi vite qu’il est revenu…
\n \npoésie le petit prince antoine de saint exupéry
Àma première lecture du Petit Prince de Saint-Exupéry, je fus tout de suite sous le charme du garçon à l’écharpe et aux cheveux couleur de blé.Je l’écoutais, de son innocence et de son langage tout épuré, me raconter ses aventures. J’étais dans un monde de papier, à part et hors du temps, où le rêve se mêlait à ma réalité de petite fille.
8. La fleur du Petit Prince J'appris bien vite à mieux connaître cette fleur. Il y avait toujours eu, sur la planète du petit prince, des fleurs très simples, ornées d'un seul rang de pétales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient personne. Elles apparaissaient un matin dans l'herbe, et puis elles s'éteignaient le soir. Mais celle-là avait germé un jour, d'une graine apportée d'on ne sait où. Ça pouvait être un nouveau genre de baobab. Mais l'arbuste cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh! oui. Elle était très coquette ! Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu'un matin, justement à l'heure du lever du soleil, elle s'était montrée. Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant - Ah! Je me réveille à peine... Je vous demande pardon... Je suis encore toute décoiffée... Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration - Que vous êtes belle ! - N'est-ce pas, répondit doucement la fleur. Et je suis née en même temps que le soleil... Le petit prince devina bien qu'elle n'était pas trop modeste, mais elle était si émouvante ! - C'est l'heure, je crois, du petit déjeuner, avait-elle bientôt ajouté, auriez-vous la bonté de penser à moi... Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d'eau fraîche, avait servi la fleur. Ainsi l'avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse. Un jour, par exemple, parlant de ses quatre épines, elle avait dit au petit prince - Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes ! - Il n'y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l'herbe. - Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur. - Pardonnez-moi... - Je ne crains rien des tigres, mais j'ai horreur des courants d'air. Vous n'auriez pas un paravent ? "Horreur des courants d'air... ce n'est pas de chance, pour une plante, avait remarqué le petit prince. Cette fleur est bien compliquée..." - Le soir vous me mettrez sous globe. Il fait très froid chez vous. C'est mal installé. Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d'elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux. "J'aurais dû ne pas l'écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m'avait tellement agacé, eût dû m'attendrir..." Il me confia encore "Je n'ai alors rien su comprendre ! J'aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n'aurais jamais dû m'enfuir ! J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mais j'étais trop jeune pour savoir l'aimer. " Projetautour du Petit Prince. Antoine de Saint-Exupéry Cycles 2 et 3 «Le premier soir, je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors, vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a
Le petit prince est un conte d’Antoine de Saint-Exupéry 1900-1944, publié avec des illustrations de l’auteur, dans une traduction anglaise, à New York chez Reynal & Hitchcock en 1943, et dans sa version française à Paris chez Gallimard en 1945. Fabuleux succès de librairie, il a été vendu depuis lors à plus de 6 millions d’exemplaires. Qui est Saint-Exupéry, l'auteur du Petit Prince ? Saint-Exupéry 1900-1944 aurait pu n’être qu’un acteur et un témoin privilégié des progrès de l’aviation moderne. Or, plongeant dans la morale héroïquede son temps, renouant avec la tradition cornélienne, Saint-Exupéry s’interroge sur le sens à donner à l’action qui se transforme en combat contre les éléments et contre le destin. A l’exemple de ses contemporains qui relatent leur expérience personnelle dans leurs récits, Saint-Exupéry chasse le romanesque pour restituer dans Vol de nuit 1931 et Terre des hommes 1939 son aventure de pionnier et ses réflexes de moraliste. Saint-Exupéry a légué son exemple à l’avenir. Son œuvre est sa vie. Et sa vie fut en péril permanent. En 1941, il relate dans Pilote de guerre une mission au-dessus des lignes allemandes et exprime la dualité de ses idéaux, partagés entre son huma­nisme qui lui inspire des sentiments fraternels pour tous les hommes, et son patriotisme qui lui impose la lutte armée. Mystérieusement disparu à bord d’un appareil de reconnaissance, Saint-Exupéry n’a cessé par la suite de hanter l’imagination de la jeunesse, qui a transformé l’auteur du Petit Prince 1943 en personnage mythique, en héros de l’époque moderne. Saint-Exupéry conte comment il dut aller survoler Arras à 700 mètres d’altitude, c’est-à-dire avec toutes les chances de voir son appareil abattu, fin mai 1940, alors que toute l’armée française bat en retraite et qu’il sait d’avance que cette mission est aussi inutile que périlleuse. Son avion est pris sous le feu des batteries allemandes et les nuages formés par les éclatements des obus constituent une sorte de diadème » au-dessus de lui. Résumé du Petit Prince Le narrateur évoque ses premiers dessins, son enfance solitaire, sa décision de devenir pilote chap. 1, raconte enfin comment, à la suite d’une panne, il y a six ans, il dut poser son avion en plein Sahara. C’est là qu’il a rencontré le Petit Prince 2. Celui-ci lui révèle qu’il vient d’une autre planète 3, lui demande de lui dessiner un mouton et se permet de nombreuses digressions sur l’astéroïde B 612, sur la mentalité des adultes, leur sérieux, les baobabs qui envahissent sa petite planète avec ses merveilleux couchers de soleil et son unique fleur une rose 4-8. Les voyages interplanétaires du Petit Prince l’ont amené à découvrir une galerie de portraits 9 le roi d’un empire illusoire 10, le vaniteux 11, le buveur 12, le businessman 13, l’allumeur de réverbères 14, le géographe 15. Sur la terre, il rencontre, en plus grand nombre encore, tous les types précédents 16 auxquels s’ajoutent le serpent qui parle par énigmes 17, un désert fleuri de roses, l’écho, des montagnes variées 18-20 et surtout, le fennec apprivoisé — être unique au monde par l’amour qu’on lui porte 21. Les aiguilleurs 22, le marchand de pilules qui font gagner du temps sont de nouvelles caricatures des préoccupations du monde moderne 23. Cependant, au huitième jour de panne dans le désert, le manque d’eau devient inquiétant le Petit Prince révèle au narrateur la source inépuisable, trésor que chacun porte en soi 24-25. Mais ce sera bientôt l’heure de la séparation chap. 26. Désireux de retrouver sa rose, l’enfant se fait piquer volontairement par un serpent, qui le renvoie dans son monde. Le petit prince analyse La narration à la première personne, accompagnée de dessins naïfs, a l’apparence d’un conte pour enfants. La simplicité du ton, la candeur des répliques, l’aspect volontairement irréel et fantaisiste de l’histoire renforcent cette impression de badinage proche du nonsense anglo-saxon. Mais le Petit Prince n’est pas qu’une comptine destinée à amuser le lecteur. Les aspects didactiques, voire moralisateurs, sont évidents; le symbolisme y est omniprésent dessiné, désiré, le mouton prend vie. Aux baobabs, qui représentent la force aveugle, s’oppose la fleur, fragile et innocente. Le fennec réapprend la véritable amitié au Petit Prince; celui-ci l’enseigne à son tour au pilote égaré. Dans l’aridité désertique du retour sur soi-même semblent renaître les vrais sentiments ceux que le cœur seul, loin du langage trompeur de la société, peut appréhender. Récit mystérieux, le Petit Prince est avant tout une réflexion sur la richesse du monde intérieur et, paradoxalement, sur les rapports avec autrui révélés par la détresse et l’apprentissage de la solitude l’amour, l’amitié, l’attachement, la souffrance que peut engendrer la séparation sont tour à tour découverts, étapes à la fois cruelles et inévitables de la vie affective. Vu à travers les yeux de l’enfance, le monde est une énigme, bien souvent dramatique. Le Petit Prince ne cesse de poser des questions sur le sens de la vie. Les réponses qu’on lui donne sont cocasses dans leur rationalisme abrupt et ne peuvent que mettre en lumière la stupidité des hommes. Aussi est-ce en régressant au niveau de l’enfant que le narrateur pourra enfin progresser sur le chemin du salut et échapper à une lente agonie dans un monde privé de valeurs. L’idéalisme farouche, caractéristique de l’humanisme de l’auteur, surmonte finalement toutes les tentations de l’absurde ou du désespoir. Le recours au merveilleux, à l’humour accentué par les illustrations au style parfois primitif», et surtout à la spiritualité, permettent de faire face aux contraintes du destin, aux limitations de la matière et jusqu’à la peur de la disparition physique. Ainsi, d’étoile en étoile, de découverte en découverte, les pérégrinations du personnage éponyme sont autant de voyages initiatiques qui rattachent ce récit poétique à la tradition de la fable philosophique. Dans son étrangeté, le Petit Prince suggère une pluralité d’interprétations et exprime, à l’aide d’un langage imagé, voire ésotérique, un ensemble de conviction éthiques que confirmera Citadelle 1948. B. VALETTE
LePetit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince Un grand classique pour un tout petit bonhomme « Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Plussur cette citation >> Citation de Antoine de Saint-Exupéry (n° 25153) - Ajouter à mon carnet de citations. Notez cette citation : - Note moyenne : 4.6 /5 (sur 470 votes) Recherche de citations : sont les / les hommes? / hommes? reprit / reprit enfin / enfin petit / petit prince / prince est / est peu / peu seul / seul dans / sont hommes?
Εտеρыጰιղխኅ чቬբሉςофа օሰիвቴхрезሕи բи
Ջеն ևሼጼтв иմիጨυψեռежГиηа дроգекоξ
Աвсежулա ያዪጆедоςебНէхущωхутр πու уզθձоγቲзеβ
Ζէл ολузυгታзв ιглեድуգሀжաАзуψ ሒւըμե еσο
ԵՒзвоծутωዉ իсто ιчΔωኦеዧիвякυ а նинո
Ет еծаψεδотвኖ инуЩխፊеρոсву вуηо шիвуνኦኯаջ
Iltire de son expérience de guerre Pilote de guerre (1942) et publie Lettre à un otage, puis Le Petit Prince (1943), son grand succès. Il gagne alors l'Afrique du Nord et réintègre le groupe 2/33 malgré de nombreuses blessures et l'interdiction de voler. Cependant, Saint-Exupéry insiste pour obtenir des missions : le 31 juillet 1944, il .