🩈 Charles Peguy La Mort N Est Rien

Lamort n'est rien De Charles PĂ©guy, d'aprĂšs un texte de Saint Augustin La mort n’est rien Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi. Tu es toi. Ce que nous Ă©tions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m’as toujours donnĂ©. Parle-moi comme tu l’as toujours fait. N’emploie pas de ton diffĂ©rent. Ne prends pas un air solennel ou
Bonjour mes anges ! Voici un joli poĂšme que j'ai trouvĂ© en me baladant sur le net... L'auteur l'a Ă©crit de son vivant, et je souhaitais vous le faire partager... En cliquant sur la photo, vous pourrez lire sa biographie sur WikipĂ©dia...La mort n’est rien La mort n’est rien, je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi, vous ĂȘtes vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, Nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donnĂ©, Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait, N’employez pas un ton solennel ou triste, Continuez Ă  rire de ce qui nous faisait rire ensemble, Priez, souriez, pensez Ă  moi, Que mon nom soit prononcĂ© comme il l’a toujours Ă©tĂ©, Sans emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre, La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifiĂ©, Elle est ce qu’elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n’est pas coupĂ©, Simplement parce que je suis hors de votre vue. Je vous attends. Je ne suis pas loin. Juste de l’autre cĂŽtĂ© du chemin. Vous voyez tout est bien. [Charles PĂ©guy] bientĂŽt quelque part mes anges ;
Lamort n’est rien Je suis seulement passĂ©e Dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©.. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous Ă©tions L’un pour l’autre, Nous le sommes toujours.. Donne-moi le nom Que tu m’as
L'amour ne disparaĂźt pas de Charles PĂ©guy La mort n'est rien je suis seulement dans la piĂšce d'Ă  cĂŽtĂ© Je suis moi, vous ĂȘtes vous Ce que j'Ă©tais pour vous, je le resterai toujours Donnez moi le prĂ©nom que vous m'avez toujours donnĂ© Parlez moi comme vous l'avez toujours fait N'employez pas un ton diffĂ©rent Ne prenez pas un ton solennel ou triste Continuez Ă  rire de ce qui nous faisait rire ensemble Priez, souriez, pensez Ă  moi Que mon prĂ©nom soit prononcĂ© Ă  la maison Comme il l'a toujours Ă©tĂ© Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre ! La vie signifie ce qu'elle a toujours signifiĂ© Elle est toujours ce qu'elle a Ă©tĂ© Le fil n'est pas coupĂ© Pourquoi serais-je hors de votre pensĂ©e Simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je vous attends Je ne suis pas loin, Juste de l'autre cĂŽtĂ©... Lamort n'est rien L a mort n'est rien, je suis seulement passĂ©, dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. J e suis moi. Vous ĂȘtes vous. Ce que j'Ă©tais pour vous, je le suis toujours. D onnez-moi le nom que vous La mort n’est rienLa mort n’est rien,je suis seulement passĂ©, dans la piĂšce Ă  suis moi. Vous ĂȘtes que j’étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donnĂ©, parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton diffĂ©rent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez Ă  rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Priez, souriez, pensez Ă  moi, priez pour moi. Que mon nom soit prononcĂ© Ă  la maison comme il l’a toujours Ă©tĂ©, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre. La vie signifie tout ce qu’elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n’est pas coupĂ©. Pourquoi serais-je hors de vos pensĂ©es, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je ne suis pas loin, juste de l’autre cĂŽtĂ© du chemin. Canon Henry Scott-Holland 1847-1918, traduction d’un extrait de The King of Terrors », sermon sur la mort 1910
Lamort n’est rien Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi. Tu es toi. Ce que nous Ă©tions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu
Paroles de la chanson Ne pleure pas si tu m'aimes par Robert Charlebois La mort n'est rien Tu vois, tout est bien Tu retrouveras mon cƓur Essuie tes larmes Et ne pleure pas si tu m'aimes Je suis seulement passĂ© de l'autre cĂŽtĂ© Pense Ă  moi Souris, prie pour moi Et continue Ă  rire De ce qui nous faisait rire ensemble Ne pleure pas si tu m'aimes Et donne-moi le nom que tu m'as toujours donnĂ© Je suis moi et tu es toi Ce qu'on a Ă©tĂ© l'un pour l'autre Nous le sommes toujours Toujours Toujours Toujours La mort n'est rien Tu vois, tout est bien Tu retrouveras mon cƓur Essuie tes larmes Et ne pleure pas si tu m'aimes Je suis seulement passĂ© de l'autre cĂŽtĂ© Pense Ă  moi Souris, prie pour moi Et continue Ă  rire De ce qui nous faisait rire ensemble Ne pleure pas si tu m'aimes Et donne-moi le nom que tu m'as toujours donnĂ© Je suis moi et tu es toi Ce qu'on a Ă©tĂ© l'un pour l'autre Nous le sommes toujours Toujours Toujours Toujours Toujours Toujours Toujours Toujours ...
Lamort n'est rien, Je suis seulement passĂ©, dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi. Vous ĂȘtes vous. Ce que j'Ă©tais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donnĂ©, Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton diffĂ©rent, Ne prenez pas un air solennel ou triste.

BibliObs. Que vous inspire le PĂ©guy journaliste, pamphlĂ©taire Edwy Plenel. Les Cahiers de la quinzaine» forment l’Ɠuvre de PĂ©guy, son Ɠuvre-vie», dont il Ă©tait le seul maĂźtre, comme Maurice Nadeau sera le seul maĂźtre de ce qui s’est appelĂ© justement la Quinzaine littĂ©raire». En tant que gĂ©rant des Cahiers», PĂ©guy a publiĂ© toute sorte d’articles, d’enquĂȘtes. On oublie trop ce qu’il appelait le journalisme de renseignement», gouvernĂ© par la fameuse formule Dire la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, dire bĂȘtement la vĂ©ritĂ© bĂȘte, ennuyeusement la vĂ©ritĂ© ennuyeuse, tristement la vĂ©ritĂ© triste». Des articles sur la question coloniale, sur le gĂ©nocide des ArmĂ©niens, les questions internationales, sur la condition des instituteurs, que sais-je. Et cela en plus de la littĂ©rature. Et puis, il y a ce qu’écrit PĂ©guy lui-mĂȘme, et qu’on retrouve dans les trois tomes de la PlĂ©iade. Alors lĂ , ce que j’admire, c’est l’invention formelle. Je suis de ceux qui prĂ©fĂšrent sa prose Ă  sa poĂ©sie – non pas que sa poĂ©sie soit mĂ©diocre, mais elle est plus classique. Sa prose, qui est ruminante, qui ressasse, qui revient par vagues et envolĂ©es, est authentiquement inventive et unique. Elle n’a rien de journalistique», de formatĂ©, elle ne rĂ©pond Ă  aucune exigence de pĂ©dagogie», de transmission», et se soucie assez peu du public. Mais c’est un objet formel assez fascinant, et qui va de pair avec sa maniĂšre de ne jamais renvoyer de droits d’auteur, de ne jamais faire de citations derriĂšre sa rumination, il y a tout ce qu’il a lu
 Ensuite il y a la colĂšre contre son Ă©poque, qui est trĂšs semblable Ă  la nĂŽtre. Une Ă©poque de transition, de rĂ©volution industrielle, de spĂ©culation financiĂšre, un Ă©branlement Ă©conomique, gĂ©opolitique, social. Et il est en colĂšre contre l’universelle marchandise. VoilĂ  sa cible l’abaissement dans la marchandise, dans l’argent. Et c’est le socle de sa colĂšre l’universelle marchandise, qui prend tout, qui prostitue tout, qui uniformise tout. La question de son basculement dans le patriotisme et le nationalisme est plus complexe. Il Ă©volue. Je ne suis pas du PĂ©guy de la fin, du PĂ©guy qui envoie JaurĂšs dans une charrette avec des roulements de tambour, mĂȘme si, dans cette Ă©volution, PĂ©guy ne cĂšde pas sur l’antisĂ©mitisme. Il a Ă©crit des pages sur les Allemands qui sont une vision essentialiste des civilisations, des cultures d’un cĂŽtĂ© la civilisation, et c’est la France, et d’un autre cĂŽtĂ© la barbarie, et c’est l’Allemagne. Mais sa colĂšre, le socle de cette colĂšre, n’a pas de postĂ©ritĂ© politique univoque elle donne aussi bien les nationalistes que les libertaires, et ceux qui rĂ©sistent contre la servitude. Si PĂ©guy arrivait Ă  Mediapart avec un article, Ă©crit dans son style, le prendriez-vous? Bien sĂ»r ! Vous n’avez qu’à lire ce que nous publions, qui est d’une trĂšs grande diversitĂ© d’écriture nous sommes dans une culture du free speech. Non seulement je les prendrais, mais on peut dire que les colĂšres pĂ©guystes d’aujourd’hui se trouvent plus dans Mediapart que dans les vitupĂ©rations de M. Finkielkraut. Propos recueillis par Jacques Drillon Entretien rĂ©alisĂ© - comme cet autre avec Yann Moix - dans le cadre de notre enquĂȘte sur l'Ă©tonnante postĂ©ritĂ© de Charles PĂ©guy, Ă  lire dans "le Nouvel Observateur" du 13 fĂ©vrier 2014.

PoĂšmede Charles PEGUY La mort n’est rien, je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi, vous ĂȘtes vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, nous le sommes toujours. Donnez-moi
Tout cela se passait sous la clartĂ© des cieux ; Les anges dans la nuit avaient formĂ© des chƓurs. Les anges dans la nuit chantaient comme des fleurs. Par dessus les bergers, par dessus les rois mages L’étoile dans la nuit brillait comme un clou d’or. L’étoile dans la nuit brillait Juste seul poussa la clameur Ă©ternelle. Les larrons ne criaient qu’une clameur humaine ; Car ils ne connaissaient qu’une dĂ©tresse humaine ; Ils n’avaient Ă©prouvĂ© qu’une dĂ©tresse humaine. Lui seul pouvait crier la clameur surhumaine ; Lui seul connut alors cette surhumaine dĂ©tresse. Sa gorge qui lui faisait mal. Qui lui cuisait. Qui lui brĂ»lait. Qui lui dĂ©chirait. Sa gorge sĂšche et qui avait soif. Son gosier sec. Son gosier qui avait soif. Sa main gauche qui lui brĂ»lait. Et sa main droite. Son pied gauche qui lui brĂ»lait. Et son pied droit. Parce que sa main gauche Ă©tait percĂ©e. Et sa main droite. Et son pied gauche Ă©tait percĂ©. Et son pied droit. Tous ses quatre membres. Ses quatre pauvres membres. Et son flanc qui lui brĂ»lait. Son flanc percĂ©. Son cƓur percĂ©. Et son cƓur qui lui brĂ»lait. Son cƓur consumĂ© d’amour. Son cƓur dĂ©vorĂ© d’ reniement de Pierre et la lance romaine ; Les crachats, les affronts, la couronne d’épines ; Le roseau flagellant, le sceptre de roseau ; Les clameurs de la foule et les bourreaux romains. Le soufflet. Car ce fut la premiĂšre fois qu’il fut souffletĂ©. Il n’avait pas criĂ© sous la lance romaine ; Il n’avait pas criĂ© sous le baiser parjure ; Il n’avait pas criĂ© sous l’ouragan d’injure ; Il n’avait pas criĂ© sous les bourreaux romains. Alors pourquoi cria-t-il ; devant quoi cria-t-il. Tristis, tristis usque ad mortem ; Triste jusqu’à la mort ; mais jusqu’à quelle mort ; Jusqu’à faire une mort ; ou jusqu’à cette date De la revoyait l’humble berceau de son enfance, La crĂšche, OĂč son corps fut couchĂ© pour la premiĂšre fois ; Il prĂ©voyait le grand tombeau de son corps mort, Le dernier berceau de tout homme, OĂč il faut que tout homme se couche. Pour dormir. CensĂ©ment. Apparemment. Pour enfin reposer. Pour pourrir. Son corps. Entre quatre planches. En attendant la rĂ©surrection des corps. Jusqu’à la rĂ©surrection des corps. Heureux quand les Ăąmes ne pourrissent point. Et il Ă©tait homme ; Il devait subir le sort commun ; S’y coucher comme tout le monde ; Il devait y passer comme tout le monde ; Il y passerait. Comme les autres. Comme tout le monde. Comme tant d’autres. AprĂšs tant d’autres. Son corps serait couchĂ© pour la derniĂšre fois. Mais il n’y resterait que deux jours, trois jours ; Ă  cause de sa rĂ©surrection. Car il ressusciterait le troisiĂšme jour. À cause de sa rĂ©surrection particuliĂšre et de son ascension. À lui. Qu’il fit avec son propre corps, avec le mĂȘme linge de son ensevelissement ; Blanc comme le mouchoir de cette nommĂ©e VĂ©ronique ; Le linge blanc comme un lange. Et que l’on entoure tout Ă  fait comme un lange. Mais plus grand, beaucoup plus grand. Parce que lui-mĂȘme il avait grandi. Il Ă©tait devenu un homme. C’était un enfant qui avait beaucoup grandi. Il serait enseveli par ces femmes. Pieusement par les mains de ces femmes. Comme un homme qui est mort dans un village. Tranquillement dans sa maison dans son village. AccompagnĂ© des derniers saisit d’un regard toute sa vie humaine, Que trente ans de famille et trois ans de public N’avaient point accomplie ; Que trente ans de travail et trois ans de priĂšres, Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de priĂšres N’avaient point achevĂ©e ; Que trente ans de charpente et trois ans de parole, Trente-trois ans de charpente, trente-trois ans de parole, secrĂšte ; publique ; N’avaient point Ă©puisĂ©e ; Car il avait travaillĂ© dans la charpente, de son mĂ©tier. Il travaillait, il Ă©tait dans la charpente. Dans la charpenterie. Il Ă©tait ouvrier charpentier. Il avait mĂȘme Ă©tĂ© un bon ouvrier. Comme il avait Ă©tĂ© un bon tout. C’était un compagnon charpentier. Son pĂšre Ă©tait un tout petit patron. Il travaillait chez son pĂšre. Il faisait du travail Ă  voyait, il revoyait aussi l’établi et le rabot. L’établi. Le billot pour appuyer le morceau de bois que l’on fend. La scie et la varlope. Les beaux vrillons, les beaux copeaux de bois. La bonne odeur du bois frais. FraĂźchement coupĂ©. FraĂźchement taillĂ©. FraĂźchement sciĂ©. Et la belle couleur, et la belle odeur, Et la bonne couleur, et la bonne odeur. Du bois quand on enlĂšve l’écorce. Quand on le pelure. Comme un beau fruit. Comme un bon fruit. Que l’on mangerait. Mais ce sont les outils qui le mangent. Et l’écorce qui se sĂ©pare. Qui s’écarte. Qui se pĂšle. Qui s’enlĂšve dĂ©licatement sous la cognĂ©e. Qui sent si bon et qui a une si belle couleur Ă©tait fait pour ce mĂ©tier-lĂ . SĂ»rement. Le mĂ©tier des berceaux et des cercueils. Qui se ressemblent tant. Des tables et des lits. Et aussi des autres meubles. De tous les meubles. Car il ne faut oublier personne. Il ne faut dĂ©courager personne. Le mĂ©tier des buffets, des armoires, des commodes. Des maies. Pour mettre le pain. Des escabeaux. Et le monde n’est que l’escabeau de vos avait Ă©tĂ© un bon ouvrier. Un bon charpentier. Comme il avait Ă©tĂ© un bon fils. Un bon fils pour sa mĂšre Marie. Un enfant bien sage. Bien docile. Bien soumis. Bien obĂ©issant Ă  ses pĂšre et mĂšre. Un enfant. Comme tous les parents voudraient en avoir. Un bon fils pour son pĂšre Joseph. Pour son pĂšre nourricier Joseph. Le vieux charpentier. Le maĂźtre charpentier. Comme il avait Ă©tĂ© un bon fils aussi pour son pĂšre. Pour son pĂšre qui ĂȘtes aux il avait Ă©tĂ© un bon pauvre. Comme il avait Ă©tĂ© un bon citoyen. Il avait Ă©tĂ© un bon fils pour ses pĂšre et mĂšre. Jusqu’au jour oĂč il avait commencĂ© sa mission. Sa prĂ©dication. Un bon fils pour sa mĂšre Marie. Jusqu’au jour oĂč il avait commencĂ© sa trois jours elle pleurait. Depuis trois jours elle errait, elle suivait. Elle suivait le cortĂšge. Elle suivait les Ă©vĂ©nements. Elle suivait comme Ă  un enterrement. Mais c’était l’enterrement d’un vivant. D’un vivant encore. Elle suivait ce qui se passait. Elle suivait comme si elle avait Ă©tĂ© du cortĂšge. De la cĂ©rĂ©monie. Elle suivait comme une suivante. Comme une servante. Comme une pleureuse des Romains. Des enterrements romains. Comme si ça avait Ă©tĂ© son mĂ©tier. De pleurer. Elle suivait comme une pauvre femme. Comme une habituĂ©e du cortĂšge. Comme une suivante du cortĂšge. Comme une servante. DĂ©jĂ  comme une habituĂ©e. Elle suivait comme une pauvresse. Comme une mendiante. Eux qui n’avaient jamais rien demandĂ© Ă  personne. À prĂ©sent elle demandait la charitĂ©. Sans en avoir l’air elle demandait la charitĂ©. Puisque sans en avoir l’air, sans mĂȘme le savoir elle demandait la charitĂ© de la pitiĂ©. D’une piĂ©tĂ©. D’une certaine piĂ©tĂ©. ce qu’il avait fait de sa mĂšre. Depuis qu’il avait commencĂ© sa mission. Elle suivait, elle pleurait. Elle pleurait, elle pleurait. Les femmes ne savent que pleurer. On la voyait partout. Dans le cortĂšge mais un peu en dehors du cortĂšge. Sous les portiques, sous les arcades, dans les courants d’air. Dans les temples, dans les palais. Dans les rues. Dans les cours et dans les arriĂšre-cours. Et elle Ă©tait montĂ©e aussi sur le Calvaire. Elle aussi elle avait gravi le Calvaire. Qui est une montagne escarpĂ©e. Et elle ne sentait seulement pas qu’elle marchait. Elle ne sentait seulement pas ses pieds qui la portaient. Elle ne sentait pas ses jambes sous elle. Elle aussi elle avait gravi son calvaire. Elle aussi elle avait montĂ©, montĂ©. Dans la cohue, un peu en arriĂšre. MontĂ© au Golgotha. Sur le Golgotha. Sur le faĂźte. Jusqu’au faĂźte. OĂč il Ă©tait maintenant crucifiĂ©. ClouĂ© des quatre membres. Comme un oiseau de nuit sur la porte d’une grange. Lui le Roi de LumiĂšre. Au lieu appelĂ© Golgotha. C’est-Ă -dire la place du ce qu’il avait fait de sa mĂšre. Depuis trois jours elle suivait elle suivait. AccompagnĂ©e seulement de trois ou quatre femmes. De ces saintes femmes. EscortĂ©e, entourĂ©e seulement de ces quelques femmes. De ces quelques saintes femmes. Des saintes femmes. Enfin. Puisqu’éternellement on devait les nommer ainsi. Qui gagnaient ainsi. Qui assuraient ainsi leur part de paradis. Et pour sĂ»r elles auraient une bonne place. Aussi bonne que celle qu’elles avaient en ce moment. Puisqu’elles auraient la mĂȘme place. Car elles seraient aussi prĂšs de lui qu’en ce moment. Éternellement aussi prĂšs qu’en ce moment mĂȘme. Éternellement aussi prĂšs dans sa gloire. Que dans sa passion. Dans la gloire de sa ce qu’il avait fait de sa mĂšre. Elle pleurait comme jamais il ne sera donnĂ© ; Comme jamais il ne sera demandĂ© À une femme de pleurer sur terre. Éternellement jamais. À aucune femme. VoilĂ  ce qu’il avait fait de sa mĂšre. D’une mĂšre maternelle. Ce qu’il y a de curieux c’est que tout le monde la respectait. Les gens respectent beaucoup les parents des condamnĂ©s. Ils disaient mĂȘme la pauvre femme. Et en mĂȘme temps ils tapaient sur son fils. Parce que l’homme est comme ça. L’homme est ainsi fait. Le monde est comme ça. Les hommes sont comme ils sont et on ne pourra jamais les changer. Elle ne savait pas qu’au contraire il Ă©tait venu changer l’homme. Qu’il Ă©tait venu changer le monde. Elle suivait, elle pleurait. Et en mĂȘme temps ils tapaient sur son garçon. Elle suivait, elle pleurait. Tout le monde la respectait. Tout le monde la plaignait. On disait la pauvre femme. C’est que tous ces gens n’étaient peut-ĂȘtre pas mĂ©chants. Ils n’étaient pas mĂ©chants au fond. Ils accomplissaient les Écritures. Ce qui est curieux, c’est que tout le monde la respectait. Parce qu’elle Ă©tait la mĂšre du condamnĂ©. On pensait c’est la famille du condamnĂ©. On le disait mĂȘme Ă  voix basse. On se le disait, entre soi, Avec une secrĂšte admiration. Et on avait raison, c’était toute sa famille. Sa famille charnelle et sa famille Ă©lue. Sa famille sur la terre et sa famille dans le ciel. Elle suivait, elle pleurait. Depuis trois jours les gens disaient Elle a vieilli de dix ans. Je l’ai encore vue. Je l’avais encore vue la semaine derniĂšre. En trois jours elle a vieilli de dix suivait, elle pleurait, elle ne comprenait pas trĂšs bien. Mais elle comprenait trĂšs bien que le gouvernement Ă©tait contre son garçon. Ce qui est une mauvaise affaire. Que le gouvernement Ă©tait pour le mettre Ă  mort. Toujours une mauvaise affaire. Et qui ne pouvait pas bien finir. Tous les gouvernements s’étaient mis d’accord contre lui. Le gouvernement des Juifs et le gouvernement des Romains. Le gouvernement des juges et le gouvernement des prĂȘtres. Le gouvernement des soldats et le gouvernement des curĂ©s. Il n’en rĂ©chapperait sĂ»rement pas. Certainement pas. Tout le monde Ă©tait contre lui. Tout le monde Ă©tait pour sa mort. Pour le mettre Ă  mort. Voulait sa fois on avait un gouvernement pour soi. Et l’autre contre soi. Alors on pouvait en rĂ©chapper. Mais lui tous les gouvernements. Tous les gouvernements d’abord. Et le gouvernement et le peuple. C’est ce qu’il y avait de plus fort. C’était ça surtout qu’on avait contre soi. Le gouvernement et le peuple. Qui d’habitude ne sont jamais d’accord. Et alors on en profite. On peut en profiter. Il est bien rare que le gouvernement et le peuple soient d’accord. Et alors celui qui est contre le gouvernement. Est avec le peuple. Pour le peuple. Et celui qui est contre le peuple. Est avec le gouvernement. Pour le gouvernement. Celui qui est appuyĂ© par le gouvernement. N’est pas appuyĂ© par le peuple. Celui qui est soutenu par le peuple. N’est pas soutenu par le gouvernement. Alors en s’appuyant sur l’un ou sur l’autre. Sur l’un contre l’autre. On pouvait quelquefois en rĂ©chapper. On pourrait peut-ĂȘtre s’arranger. Mais ils n’avaient pas de chance. Elle voyait bien que tout le monde Ă©tait contre lui. Le gouvernement et le peuple. Ensemble. Et qu’ils l’auraient. Qu’ils auraient sa aussi elle Ă©tait montĂ©e. MontĂ©e avec tout le monde. Jusqu’au faĂźte. Sans mĂȘme s’en apercevoir. Ses jambes la portaient sans mĂȘme s’en apercevoir. Elle aussi elle avait fait son chemin de croix. Les quatorze stations. Au fait Ă©tait-ce bien quatorze stations. Y avait-il bien quatorze stations. Y en avait-il bien quatorze. Elle ne savait plus au juste. Elle ne se rappelait plus. Pourtant elle les avait faites. Elle en Ă©tait sĂ»re. Mais on peut se tromper. Dans ces moments-lĂ  la tĂȘte se trouble. Nous autres qui ne les avons pas faites nous le savons. Elle qui les avait faites elle ne savait le monde Ă©tait contre lui. Tout le monde voulait sa qu’il avait donc fait Ă  tout le monde. Je vais vous le dire Il avait sauvĂ© le pleurait, elle pleurait. Tout le monde Ă©tait contre lui. Elle suivait de loin. De prĂšs. D’assez loin. D’assez prĂšs. Cette cohue hurlante. Cette meute qui aboyait. Et mordait. Cette cohue hurlante qui hurlait et tapait. Sans conviction. Avec conviction. Car ils accomplissaient les Écritures. On peut dire qu’ils tapaient religieusement. Puisqu’ils accomplissaient les Écritures. Des prophĂštes. Tout le monde Ă©tait contre lui. Depuis Ponce Pilate. Ce Ponce Pilate. Pontius Pilatus. Sub Pontio Pilato passus. Et sepultus est. Un brave homme. Du moins on le disait un brave homme. Bon. Pas mĂ©chant. Un Romain. Qui comprenait les intĂ©rĂȘts du pays. Et qui avait beaucoup de mal Ă  gouverner ces Juifs. Qui sont une race indocile. Seulement, voilĂ , depuis trois jours une folie les avait pris contre son garçon. Une folie. Une espĂšce de rage. Oui ils Ă©taient enragĂ©s. AprĂšs lui. Qu’est-ce qu’ils avaient. Il n’avait pourtant pas fait tant de mal que ça. Tous. Lui en tĂȘte Ponce Pilate. L’homme qui se lavait les mains. Le procurateur. Le procurateur pour les Romains. Le procurateur de JudĂ©e. Tous. Et CaĂŻphe le grand-prĂȘtre. Les gĂ©nĂ©raux, les officiers, les soldats. Les sous-officiers, centeniers, centurions, dĂ©curions. Les prĂȘtres et les princes des prĂȘtres. Les Ă©crivains. C’est-Ă -dire les scribes. Les pharisiens, les publicains, les pĂ©agers. Les Pharisiens et les SadducĂ©ens. Les publicains qui sont comme qui dirait les percepteurs. Et qui ne sont pas pour ça des hommes plus mauvais que les lui avait dit aussi qu’il avait des disciples. Des apĂŽtres. Mais on n’en voyait point. Ça n’était peut-ĂȘtre pas vrai. Il n’en avait peut-ĂȘtre pas. Il n’en avait peut-ĂȘtre jamais eu. On se trompe, des fois, dans la vie. S’il en avait eu on les aurait vus. Parce que s’il en avait eu, ils se seraient montrĂ©s. Hein, c’étaient des hommes, ils se seraient elle avait su. Si elle avait su elle aurait pleurĂ© toujours. PleurĂ© toute sa vie. PleurĂ© d’avance. Elle se serait mĂ©fiĂ©e. Elle aurait pris les devants. Comme ça elle n’aurait pas Ă©tĂ© trompĂ©e. Elle n’aurait pas Ă©tĂ© trahie. Elle s’était trahie elle-mĂȘme en ne pleurant pas. Elle s’était volĂ©e elle-mĂȘme. Elle s’était trompĂ©e elle-mĂȘme. En ne pleurant pas. En acceptant ces jours de bonheur. Elle s’était trahie elle-mĂȘme. Elle Ă©tait entrĂ©e dans le jeu. Quand on pense qu’il y a des jours oĂč elle avait ri. Innocemment. L’innocente. Tout allait si bien dans ce temps-lĂ . Elle pleurait elle pleurait pour effacer ces jours. Elle pleurait, elle pleurait, elle effaçait ces jours. Ces jours qu’elle avait volĂ©s. Qu’on lui avait volĂ©s. Ces jours qu’elle avait dĂ©robĂ©s Ă  son pauvre fils qui en ce moment expirait sur la croix. Non seulement il avait contre lui le peuple. Mais les deux peuples. Tous les deux peuples. Le peuple des pauvres. Qui est sĂ©rieux. Et respectable. Et le peuple des misĂ©rables. Des misĂ©reux. Qui n’est pas sĂ©rieux. Ni pas respectable. Il avait contre lui ceux qui travaillaient et ceux qui ne faisaient rien. Ceux qui travaillaient et ceux qui ne travaillaient pas. Ensemble. Également. Le peuple des ouvriers. Qui est sĂ©rieux. Et respectable. Et le peuple des mendiants. Qui n’est pas sĂ©rieux. Mais qui est peut-ĂȘtre respectable tout de mĂȘme. Parce qu’on ne sait pas. La tĂȘte se trouble. La tĂȘte se dĂ©range. Les idĂ©es se dĂ©rangent quand on voit des choses comme n’avait tout de mĂȘme pas fait du mal Ă  tout ce monde. À tout ce monde-lĂ . Enfin on exagĂšre. On exagĂšre toujours. Le monde est mauvaise langue. On exagĂ©rait. Enfin il n’avait pas fait du mal Ă  tout le monde. Il Ă©tait trop jeune. Il n’avait pas eu le temps. D’abord il n’aurait pas eu le temps. Quand un homme est tombĂ©, tout le monde est dessus. Vous savez, chrĂ©tiens, ce qu’il avait fait. Il avait fait ceci. Qu’il avait sauvĂ© le pleurait, elle Ă©tait devenue affreuse. Les cils collĂ©s. Les deux paupiĂšres, celle du dessus et celle du dessous, GonflĂ©es, meurtries, sanguinolentes. Les joues ravagĂ©es. Les joues ravinĂ©es. Les joues ravaudĂ©es. Ses larmes lui avaient comme labourĂ© les joues. Les larmes de chaque cĂŽtĂ© lui avaient creusĂ© un sillon dans les joues. Les yeux lui cuisaient, lui brĂ»laient. Jamais on n’avait autant pleurĂ©. Et pourtant ce lui Ă©tait un soulagement de pleurer. La peau lui cuisait, lui brĂ»lait. Et lui pendant ce temps-lĂ  sur la croix les Cinq Plaies lui brĂ»laient. Et il avait la fiĂšvre. Et elle avait la fiĂšvre. Et elle Ă©tait ainsi associĂ©e Ă  sa elle l’abandonnait Ă  cette foule. Elle laissait aller. Elle laissait couler. Qu’est-ce qu’une femme peut faire dans une foule. Je vous le demande. Elle ne se reconnaissait plus. Elle Ă©tait bien changĂ©e. Elle allait entendre le cri. Le cri qui ne s’éteindra dans aucune nuit d’aucun temps. Ce n’était pas Ă©tonnant qu’elle ne se reconnaissait plus. En effet elle n’était plus la mĂȘme. Jusqu’à ce jour elle avait Ă©tĂ© la Reine de BeautĂ©. Et elle ne serait plus, elle ne redeviendrait plus la Reine de BeautĂ© que dans le ciel. Le jour de sa mort et de son assomption. AprĂšs le jour de sa mort et de son assomption. Éternellement. Mais aujourd’hui elle devenait la Reine de MisĂ©ricorde. Comme elle sera dans les siĂšcles des dommage. Une vie qui avait si bien commencĂ©. C’était dommage. Elle se rappelait bien. Comme il rayonnait sur la paille dans cette Ă©table de BethlĂ©em. Une Ă©toile Ă©tait montĂ©e. Les bergers l’adoraient. Les mages l’adoraient. Les anges l’adoraient. Qu’étaient donc devenus tous ces gens-lĂ . Qu’est-ce que tout ce monde-lĂ  Ă©tait devenu. Pourtant c’étaient les mĂȘmes gens. C’était le mĂȘme monde. Les gens Ă©taient toujours les gens. Le monde Ă©tait toujours le monde. On n’avait pas changĂ© le monde. Les rois Ă©taient toujours les rois. Et les bergers Ă©taient toujours les bergers. Les grands Ă©taient toujours les grands. Et les petits Ă©taient toujours les petits. Les riches Ă©taient toujours les riches. Et les pauvres Ă©taient toujours les pauvres. Le gouvernement Ă©tait toujours le gouvernement. Elle ne voyait pas qu’en effet il avait changĂ© le quelle Ă©tait sa rĂ©compense. VoilĂ  comme elle Ă©tait rĂ©compensĂ©e. D’avoir portĂ©. D’avoir enfantĂ©. D’avoir allaitĂ©. D’avoir portĂ©. Dans ses bras. Celui qui est mort pour les pĂ©chĂ©s du monde. D’avoir portĂ©. D’avoir enfantĂ©. D’avoir allaitĂ©. D’avoir portĂ©. Dans ses bras. Celui qui est mort pour le salut du monde. D’avoir portĂ©. D’avoir enfantĂ©. D’avoir allaitĂ©. D’avoir portĂ©. Dans ses bras. Celui par qui les pĂ©chĂ©s du monde seront remis. Et de lui avoir fait sa soupe et bordĂ© son lit jusqu’à trente ans. Car il se laissait volontiers environner de sa tendresse. Il savait que ça ne durerait pas sentait tout ce qui se passait dans son corps. Surtout la souffrance. Il avait surtout une crampe. Une crampe effroyable. À cause de cette position. De rester toujours dans la mĂȘme position. Elle la sentait. D’ĂȘtre forcĂ© d’ĂȘtre dans cette affreuse position. Une crampe de tout le corps. Et tout le poids de son corps portait sur ses quatre Plaies. Il avait des crampes. Elle savait combien il souffrait. Elle sentait bien combien il avait de mal. Elle avait mal Ă  sa tĂȘte et Ă  son flanc et Ă  ses Quatre Plaies. Et lui en lui-mĂȘme il se disait VoilĂ  ma mĂšre. Qu’est-ce que j’en ai fait. VoilĂ  ce que j’ai fait de ma mĂšre. Cette pauvre vieille femme. Devenue vieille. Qui nous suit depuis vingt-quatre heures. De prĂ©toire en prĂ©toire. Et de prĂ©toire en place comme tous les mourants il repassait sa vie entiĂšre. Toute la vie Ă  Nazareth. Il se revoyait tout le long de sa vie entiĂšre. Et il se demandait comment il avait pu se faire tant d’ennemis. C’était une gageure. Comment il avait rĂ©ussi Ă  se faire tant d’ennemis. C’était une gageure. C’était un dĂ©fi. Ceux de la ville, ceux des faubourgs, ceux des campagnes. Tous ceux qui Ă©taient lĂ , qui Ă©taient venus. Qui s’étaient rassemblĂ©s lĂ . Qui Ă©taient assemblĂ©s. Comme Ă  une fĂȘte. À une fĂȘte odieuse. ChrĂ©tiens, vous savez pourquoi C’est qu’il Ă©tait venu annoncer le rĂšgne de Dieu. Et en somme tout ce monde-lĂ  avait raison. Tout ce monde-lĂ  ne se trompait pas tant que ça. C’était la grande fĂȘte qui Ă©tait donnĂ©e pour le salut du monde. Seulement c’était lui qui en faisait les frais. Les marchands, il comprenait encore. C’était lui qui avait commencĂ©. Il s’était mis un jour en colĂšre aprĂšs eux. Dans une sainte colĂšre. Et il les avait chassĂ©s du temple. À grands coups de il n’aimait pas les commerçants. Ouvrier. Fils d’ouvriers. Fils nourricier. Fils nourri. De famille ouvriĂšre. D’instinct il n’aimait pas les commerçants. Il n’entendait rien au commerce. Au nĂ©goce. Il ne savait que travailler. Il Ă©tait portĂ© Ă  croire que tous les commerçants Ă©taient des voleurs. Les marchands, les marchands du Temple il comprenait encore. Mais les un mourant, comme tous les mourants il repassait sa vie entiĂšre. Au moment de la prĂ©senter. De la rapporter Ă  son pĂšre. Un jour les camarades l’avaient trouvĂ© trop grand. Simplement. Un jour les amis, les amis l’avaient trouvĂ© trop grand. Un jour les citoyens l’avaient trouvĂ© trop grand. Et il n’avait pas Ă©tĂ© prophĂšte en son pays. ChrĂ©tiens, vous savez pourquoi C’est qu’il Ă©tait venu annoncer le rĂšgne de Dieu. Tout le monde l’avait trouvĂ© trop grand. Ça se voyait trop qu’il Ă©tait le fils de Dieu. Quand on le frĂ©quentait. Les Juifs l’avaient trouvĂ© trop grand. Pour un Juif. Trop grand Juif. Ça se voyait trop qu’il Ă©tait le Messie prĂ©dit par les ProphĂštes. AnnoncĂ©, attendu depuis les siĂšcles des repassait, il repassait toutes les heures de sa vie. Toute la vie Ă  Nazareth. Il avait semĂ© tant d’amour. Il rĂ©coltait tant de haine. Son cƓur lui brĂ»lait. Son cƓur dĂ©vorĂ© d’amour. Et Ă  sa mĂšre il avait apportĂ© ceci. De voir ainsi traiter Le fruit de ses cƓur lui brĂ»lait. Son cƓur lui dĂ©vorait. Son cƓur brĂ»lĂ© d’amour. Son cƓur dĂ©vorĂ© d’amour. Son cƓur consumĂ© d’amour. Et jamais homme avait-il soulevĂ© tant de haine. Jamais homme avait-il soulevĂ© une telle haine. C’était une gageure. C’était comme un dĂ©fi. Comme il avait semĂ© il n’avait pas rĂ©coltĂ©. Son pĂšre savait pourquoi. Ses amis l’aimaient-ils autant que ses ennemis le haĂŻssaient. Son pĂšre le savait. Ses disciples, ses disciples l’aimaient-ils autant que ses ennemis le haĂŻssaient. Son pĂšre le savait. Ses apĂŽtres, ses apĂŽtres l’aimaient-ils autant que ses ennemis le haĂŻssaient. Son pĂšre le savait. Les onze l’aimaient-ils autant que le douziĂšme, que le treiziĂšme le haĂŻssait. Les onze l’aimaient-ils autant que le douziĂšme, que le treiziĂšme l’avait trahi. Son pĂšre le savait. Son pĂšre le donc que l’homme. Cet homme. Qu’il Ă©tait venu sauver. Dont il avait revĂȘtu la nature. Il ne le savait pas. Comme homme il ne le savait pas. Car nul homme ne connaĂźt l’homme. Car une vie d’homme. Une vie humaine, comme homme, ne suffit pas Ă  connaĂźtre l’homme. Tant il est grand. Et tant il est petit. Tant il est haut. Et tant il est bas. Qu’est-ce que c’était donc que l’homme. Cet homme. Dont il avait revĂȘtu la nature. Son pĂšre le il sentait monter Ă  lui sa mort humaine, Sans voir sa mĂšre en pleur et douloureuse en bas, Droite au pied de la croix, ni Jean ni Madeleine, JĂ©sus mourant pleura sur la mort de Judas. Mourant de sa mort, de notre mort humaine, seulement, il pleura sur cette mort Ă©ternelle. Car il avait connu que le damnĂ© suprĂȘme Jetait l’argent du sang qu’il s’était fait payer, Ces trente malheureux deniers on aurait mieux fait de ne pas les fabriquer. De ne jamais les fabriquer. Malheureux celui qui les frappa. À l’effigie de CĂ©sar. Malheureux celui qui les reçut. À l’effigie de CĂ©sar. Malheureux tous ceux qui eurent affaire Ă  eux. À l’effigie de CĂ©sar. Malheureux tous ceux qui eurent commerce avec eux. À l’effigie, Ă  l’effigie de CĂ©sar. Qui se les passĂšrent de main en main. Deniers dangereux. Plus faux. Infiniment plus dangereux. Infiniment plus faux que de la fausse voyait tout d’avance et tout en mĂȘme temps. Il voyait tout aprĂšs. Il voyait tout avant. Il voyait tout pendant, il voyait tout alors. Tout lui Ă©tait prĂ©sent de toute Ă©ternitĂ©. Et c’est alors qu’il sut la souffrance infinie, C’est alors qu’il connut, c’est alors qu’il apprit, C’est alors qu’il sentit l’infinie agonie, Et cria comme un fou l’épouvantable angoisse, Clameur dont chancela Marie encor debout, Et par pitiĂ© du PĂšre il eut sa mort du Mystere de la charitĂ© de Jeanne d'Arc
Etbien souvent la vie passionnĂ©e d'un homme empĂȘche de les voir de son vivant. C'est quand le corps meurt que l'esprit naĂźt vĂ©ritablement Ă  lui-mĂȘme et brille de son Ă©clat singulier. Ce que nous voulons cĂ©lĂ©brer cette annĂ©e, Ă  l'occasion du centenaire de la mort de PĂ©guy, n'est rien moins que sa mort, c'est sa vie mĂȘme. Quand il s
L’historien Jean-Pierre Rioux publie en ce dĂ©but d’annĂ©e La mort du Lieutenant PĂ©guy, un livre qui retrace l’expĂ©rience de guerre du grand Ă©crivain jusqu’à sa mort le 5 septembre 1914. Occasion de revenir sur la conception de la guerre du directeur des Cahiers de la Quinzaine. soldats français en 1914 Charles PĂ©guy est mort debout. En soldat honorable, en soldat vertical. ArrivĂ©e au croisement de la route d’Yverny-la Bascule et de Chauconin, la 19e compagnie de PĂ©guy reçoit l’ordre d’attaquer les Allemands embusquĂ©s Ă  quelques centaines de mĂštres de lĂ . FiĂšrement dressĂ©, PĂ©guy commande le feu Tirez, tirez, nom de Dieu ! » Quelques instants plus tard, il est frappĂ© d’une balle en plein front et s’écroule dans une plainte Ah ! mon Dieu
 Mes enfants ! » Parmi les nombreux hommages consĂ©cutifs Ă  la mort de PĂ©guy, celui de son ami Daniel HalĂ©vy se distingue par sa luciditĂ© Je ne pleurerai pas son hĂ©roĂŻque fin. Il l’a cherchĂ©e, il l’a trouvĂ©e, il Ă©tait digne d’elle [
] Ne le plaignons pas. Cette mort, qui donne Ă  son Ɠuvre le tĂ©moignage, la signature du sang, il l’a voulue. » En effet, PĂ©guy a toujours eu une haute conscience de l’honneur et une admiration pour la figure du soldat. Cette mort est celle qui lui ressemble le plus. Sa vie aura Ă©tĂ© celle d’un soldat de plume, sa mort, celle d’un soldat tout court. Soldat, PĂ©guy l’était indiscutablement. Soldat français, PĂ©guy l’était d’autant plus. Dans sa Note conjointe sur M. Descartes, il s’applique Ă  distinguer deux conceptions radicalement opposĂ©es de la guerre. D’un cĂŽtĂ©, la conception française hĂ©ritĂ©e de la chevalerie et dont la finalitĂ© est l’honneur, de l’autre, la conception allemande hĂ©ritĂ©e de l’Empire romain et dont la finalitĂ© est la victoire. Le soldat français se bat pour des valeurs, le soldat allemand se bat pour gagner. Aux yeux de PĂ©guy, la logique de guerre allemande trouve son origine dans l’épisode du cheval de Troie. Ce n’est donc pas un Romain, mais le Grec Ulysse qui a le premier privilĂ©giĂ© l’issue de la bataille Ă  la bataille en tant que telle. Plus question pour le fis d’Ithaque de respecter un code, mais bien plutĂŽt d’utiliser la ruse et d’ĂȘtre fidĂšle Ă  sa rĂ©putation d’homme au mille tours ». Pour PĂ©guy, le systĂšme de guerre français est basĂ© sur le duel tandis que le systĂšme de guerre allemand est basĂ© sur la domination. Il prĂ©vient la guerre entre la France et l’Allemagne ne peut pas ĂȘtre envisagĂ©e comme un duel Ă  grande Ă©chelle puisque seule une des parties engagĂ©es respecte les rĂšgles chevaleresques du duel. Français et Allemands font la guerre, ils se font la guerre, mais ils ne font pas la mĂȘme guerre. Je dirai Il y a deux races de la guerre qui n’ont peut-ĂȘtre rien de commun ensemble et qui se sont constamment mĂȘlĂ©es et dĂ©mĂȘlĂ©es dans l’histoire [
] Il y a une race de la guerre qui est une lutte pour l’honneur et il y a une tout autre race de la guerre qui est une lutte pour la domination. La premiĂšre procĂšde du duel. Elle est le duel. La deuxiĂšme ne l’est pas et n’en procĂšde pas », explique PĂ©guy. soldats allemands en 1914 PĂ©guy estime que, lorsqu’on fait la guerre, la fin ne justifie jamais les moyens. Pour le soldat français, c’est plutĂŽt les moyens qui justifient la fin. Vaincre ne compte pas pour le chevalier, ce qui compte c’est de combattre, de bien combattre. En revanche, pour le soldat allemand, la maniĂšre importe peu, seule la victoire compte, qu’elle se fasse dans l’honneur ou le dĂ©shonneur concepts Ă©trangers Ă  cette race de la guerre ». Il y a une race de la guerre oĂč une victoire dĂ©shonorante, par exemple une victoire par trahison, est infiniment pire, et l’idĂ©e mĂȘme en est insupportable, qu’une dĂ©faite honorable, c’est-Ă -dire une dĂ©faite subie, et je dirai obtenue en un combat loyal », affirme PĂ©guy. Chevalier et samouraĂŻ Ces deux systĂšmes de guerre s’inscrivent dans une tradition Ă  la fois temporelle et spirituelle. Pour nous modernes, chez nous l’un est celtique et l’autre est romain. L’un est fĂ©odal et l’autre est d’empire. L’un est chrĂ©tien et l’autre est romain. Les Français ont excellĂ© dans l’un et les Allemands ont quelquefois rĂ©ussi dans l’autre et les Japonais paraissent avoir excellĂ© dans l’un et rĂ©ussi dans l’autre », note-t-il. Le chevalier, comme le samouraĂŻ, est une incarnation temporelle du spirituel. Leur sacrifice Ă©ventuel est une preuve du primat en eux du spirituel sur le temporel. Le soldat allemand en revanche, parce qu’il recherche la domination, est prĂȘt Ă  sacrifier du spirituel pour du temporel, des valeurs, pour la victoire. Cette rĂ©fĂ©rence au soldat japonais nous ramĂšne Ă  un autre texte de PĂ©guy, Par ce demi-clair matin, publiĂ© aprĂšs la crise de Tanger en 1905. PĂ©guy revient sur le sentiment d’assurance qui caractĂ©rise la nation française avant la dĂ©faite de 1870, un sentiment qui peut se rĂ©sumer ainsi [
] la France est naturellement et historiquement invincible ; le Français est imbattable ; le Français est le premier soldat du monde tout le monde le sait. » Dans Leur Patrie, Gustave HervĂ©, dont l’antimilitarisme insupporte PĂ©guy, se moque de cette assurance [
] il suffit de connaĂźtre l’histoire militaire du peuple français pour constater qu’il n’en est peut-ĂȘtre pas un seul en Europe qui compte Ă  son actif tant de dĂ©faites mĂ©morables, anciennes ou rĂ©centes », Ă©crit-il. Ce Ă  quoi PĂ©guy rĂ©pond [
] et il est sans doute encore plus vrai que le Français dans les temps modernes est le premier soldat du monde ; car on peut trĂšs bien ĂȘtre le premier peuple militaire du monde, et ĂȘtre battu, comme on peut trĂšs bien ĂȘtre le premier soldat du monde et ĂȘtre battu. » un samouraĂŻ Le seul soldat comparable au soldat français est le soldat japonais. L’équivalent japonais du chevalier courtois est le samouraĂŻ. Le mĂȘme sens de l’honneur anime ces deux figures du combattant. Le chevalier est un samouraĂŻ d’occident, comme le samouraĂŻ est un chevalier d’orient. Ces deux soldats ont le duel comme modĂšle, ce qui n’est pas le cas du soldat allemand. Le soldat allemand est puissant dans le mesure oĂč il est une des parties de l’armĂ©e. En tant qu’individu, il n’a pas la mĂȘme valeur que le soldat français ou japonais. L’Allemagne a une grande armĂ©e, mais n’a pas de grands soldats. La France et le Japon ont une grande armĂ©e et de grands soldats. [
] quand nous nous demandons si la France a encore la premiĂšre armĂ©e du monde, Ă  quel terme de comparaison pensons-nous ? nous pensons immĂ©diatement Ă  une autre puissance, Ă  une autre armĂ©e, Ă  l’armĂ©e allemande [
] de savoir si la France est ou n’est pas encore le premier peuple militaire du monde, si le Français, particuliĂšrement, est ou n’est pas encore le premier soldat du monde, Ă  quel terme de comparaison pensons-nous ? pensons-nous encore au peuple allemand, au soldat allemand ? non ; nous pensons immĂ©diatement au peuple japonais, au soldat japonais [
] » Le sacrifice du lieutenant PĂ©guy le consacre dĂ©finitivement chevalier, le consacre dĂ©finitivement samouraĂŻ. Par sa conduite exemplaire sur le champ de bataille, il a prouvĂ© qu’il n’était pas un patriote livresque, mais un patriote authentique. Le 17 septembre 1914, dans L’Écho de Paris, Maurice BarrĂšs lui consacre un article visionnaire Nous sommes fiers de notre ami. Il est tombĂ© les armes Ă  la main, face Ă  l’ennemi, le lieutenant de ligne Charles PĂ©guy. Le voilĂ  entrĂ© parmi les hĂ©ros de la pensĂ©e française. Son sacrifice multiplie la valeur de son Ɠuvre. Il cĂ©lĂ©brait la grandeur morale, l’abnĂ©gation, l’exaltation de l’ñme. Il lui a Ă©tĂ© donnĂ© de prouver en une minute la vĂ©ritĂ© de son Ɠuvre. Le voilĂ  sacrĂ©. Ce mort est un guide, ce mort continuera plus que jamais d’agir, ce mort plus qu’aucun est aujourd’hui vivant. »
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Lamort n’est rien. Je suis seulement passĂ© dans la piĂšce d’à cĂŽtĂ©. Je suis moi, tu es toi : Ce que nous Ă©tions l’un pour l’autre, Nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m’as toujours

La mort n'est rien. Je suis simplement passé dans la piÚce d'à cÎté. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous étions l'un pour l'autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné. Parle-moi comme tu l'as toujours fait. N'emploie pas un ton différent. Ne prends pas un air solennel ou triste. Continue a rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Prie, souris, Pense à moi, prie pour mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours emphase d'aucune sorte et sans trace d' vie signifie ce qu'elle a toujours reste ce qu'elle a toujours e fil n'est pas serais-je hors de ta pensée, Parce-que je suis simplement hors de ta vue ?Je t'attend. Je ne suis pas de l'autre cÎté du Peguy Posted on Thursday, 28 January 2010 at 553 PM
Lefil n'est pas coupĂ©. La mort n'est rien. Je suis simplement passĂ© Dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi, vous ĂȘtes vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, Nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donnĂ©. Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait, N'employez pas de ton diffĂ©rent Ne prenez pas un ton solennel et La critique de Charles PĂ©guy Ă  l'Ă©gard du monde moderne est sans conteste l'une des plus radicales. Mais le fondateur des Cahiers de la Quinzaine est Ă©galement l'un des Ă©crivains les plus rĂ©cupĂ©rĂ©s, Ă  gauche comme Ă  droite. Dans PĂ©guy, un enfant contre le monde moderne PremiĂšre Partie, coll. "Vraiment alternatifs", 2018, Matthieu Giroux nous aide Ă  comprendre l’Ɠuvre Ă  partir de l'OrlĂ©anais. Marianne Il semblerait qu'on assiste aujourd'hui Ă  un retour de Charles PĂ©guy. A droite, Ă  gauche, et parfois Ă  tort et Ă  travers, le fondateur des Cahiers de la Quinzaine est revendiquĂ© comme un maitre, un guide ou une rĂ©fĂ©rence essentielle. Certains dĂ©sormais s'en rĂ©clament pour "rĂ©nover la droite de conviction", "dĂ©fendre les vertus de l'enracinement et l'Ă©cologie intĂ©grale avec le pape François" ou" retrouver les voies d'un socialisme authentiquement populaire". On rencontre mĂȘme des pĂ©guystes sociaux-dĂ©mocrates et macronistes ! Comment jugez-vous ce regain, parfois dĂ©sordonnĂ©, de PĂ©guysme ?Matthieu Giroux Il y a un regain d'intĂ©rĂȘt pour Charles PĂ©guy depuis 2014et la cĂ©lĂ©bration du centenaire de sa mort. L'enthousiasme n'est pas retombĂ© depuis comme l'attestent les livres sur PĂ©guy qui continuent de sortir chaque annĂ©e. Il est vrai que PĂ©guy suscite l'admiration de personnalitĂ©s aux convictions opposĂ©es qui sont toujours tentĂ©es de tirer PĂ©guy vers elles. Une chose m'a frappĂ© cependant en assistant Ă  des colloques ou en discutant avec certaines des personnes que vous citez les pĂ©guystes, d'oĂč qu'ils viennent, sont sincĂšres dans leur pĂ©guysme. On peut contester les interprĂ©tations qu'ils font de PĂ©guy - le PĂ©guy de Finkielkraut est peut-ĂȘtre trop "barrĂ©sien", celui de Plenel trop "de gauche", celui de Moix trop "hĂ©tĂ©rodoxe" - mais ce sont tous des lecteurs attentifs et on ne peut sĂ©rieusement soutenir qu'ils se servent de lui. Leur pĂ©guysme n'est pas cynique. Je ne dirais pas la mĂȘme chose des rĂ©cupĂ©rations politiques auxquelles vous faites allusion. Je ne supporte pas qu'on rĂ©duise PĂ©guy Ă  quelques slogans, qu'on appauvrisse la richesse et la complexitĂ© de sa pensĂ©e. Beaucoup le citent sans mĂȘme l'avoir lu. PĂ©guy ne s'utilise pas, il se lit, se relit et se mĂ©dite. Le style de PĂ©guy rappelle parfois le style sublime et primitif de l'Ancien Testament, une Ă©criture toute imprĂ©gnĂ©e de sens et antĂ©rieure Ă  la littĂ©rature. Le titre de votre livre est Charles PĂ©guy, un enfant contre le monde moderne. Quel est cet enfant ? Peut-on le rapprocher de l'enfant que Nietzsche Ă©voque dans Ainsi parlait Zarathoustra "L'enfant est ignorance et oubli, un nouveau commencement et un jeu, une roue qui roule sur elle-mĂȘme, un premier mouvement, un ''oui'' sacrĂ©." Est-il aussi l'enfant des Évangiles, exemple de saintetĂ© et d'innocence ?L'enfant que dĂ©crit Nietzsche ressemble en partie Ă  celui de PĂ©guy. L'enfant de PĂ©guy est ignorant dans la mesure oĂč il est "sans expĂ©rience", mais son ignorance est paradoxalement la plus grande des connaissances. L'enfant de PĂ©guy ne sait rien du monde et c'est tant mieux, il sait ce qui est antĂ©rieur au monde. Il est au plus prĂšs de la source de la vie, de l'innocence originelle, de l'Ă©ternel jaillissement qui est au commencement de tout. L'enfant est celui qui est le plus proche de Dieu car toute naissance est une crĂ©ation recommencĂ©e. Le titre de mon livre est peut-ĂȘtre abusif Charles PĂ©guy n'est plus un enfant. Il est tourmentĂ© par le sentiment de la perte qu'implique toute vie car "on descend tout le temps". "C'est l'enfant qui est plein et c'est l'homme qui est vide", Ă©crit-il aussi. Cette idĂ©e est centrale. La vie est une fatale dĂ©gradation. En vieillissant, on diminue en innocence et en grĂące. PĂ©guy voit dans la puretĂ© morale des enfants un modĂšle pour la mystique. Il voit dans leur intransigeance une expression parfaite de l'honneur, honneur que les adultes ne font que style de PĂ©guy est parmi les plus singuliers de la littĂ©rature europĂ©enne. Certains lecteurs disent que c'est un fatras rĂ©pĂ©titif, d'autres louent son caractĂšre hypnotique et prĂ©cis Ă  la fois. PĂ©guy, comme CĂ©line, a trouvĂ© sa "petite musique", qui est d'ailleurs davantage une grande musique symphonique. Vous Ă©crivez dans votre avant-propos "Si PĂ©guy avait seulement voulu dire ''la vĂ©ritĂ©'' son style en aurait Ă©tĂ© changĂ©". Que nous dit cette Ă©criture particuliĂšre de Charles PĂ©guy lui-mĂȘme et de sa maniĂšre de penser ?Pour ĂȘtre prĂ©cis, j'Ă©cris, en citant la Lettre au provincial, que PĂ©guy ne veut pas seulement nous dire "la vĂ©ritĂ©" mais "toute la vĂ©ritĂ©" et c'est en cela que son style aurait pu ĂȘtre changĂ©. Je pense que cette prĂ©cision, qui rappelle le serment des tĂ©moins lors des procĂšs, est caractĂ©ristique du style et de la pensĂ©e de PĂ©guy. PĂ©guy, dans son exigence d'honnĂȘtetĂ©, dans son exigence mystique, veut tout nous dire. Il ne veut rien cacher quitte Ă  perdre des lecteurs, quitte Ă  perdre des amis. Il n'Ă©crit pas pour une clientĂšle ou pour faire carriĂšre, il Ă©crit parce qu'il est animĂ© par une soif de vĂ©ritĂ© intĂ©grale. L'Ă©criture de PĂ©guy a Ă©tĂ© beaucoup discutĂ©e. On a moquĂ© ses rĂ©pĂ©titions, ses anaphores, son oralitĂ©. J'ai appris rĂ©cemment que l'Ă©crivain Georges Hyvernaud lui reprochait "ces façons de mal parler exprĂšs, ces vulgaritĂ©s d’expression qui sont l’innocente dĂ©bauche des agrĂ©gĂ©s de grammaire". Quelle faussetĂ© dans le jugement ! Il faut bien plutĂŽt rejoindre Albert BĂ©guin qui disait que l'Ă©criture de PĂ©guy Ă©tait comparable Ă  une priĂšre. En effet, le style de PĂ©guy rappelle parfois le style sublime et primitif de l'Ancien Testament, une Ă©criture toute imprĂ©gnĂ©e de sens et antĂ©rieure Ă  la littĂ©rature. Pour PĂ©guy, l'habitude est la grande ennemie mĂ©taphysique et morale. Vous consacrez un chapitre de votre ouvrage Ă  "la critique de l'habitude". Dans la pensĂ©e de Charles PĂ©guy cette critique est, selon vous, centrale. Quelle est-elle, cette "habitude" que dĂ©nonce l'auteur de Notre jeunesse et pourquoi s'en libĂ©rer est pour lui essentielle ?Pour PĂ©guy, l'habitude est la grande ennemie mĂ©taphysique et morale. Dans un passage cĂ©lĂšbre, il Ă©crit "Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise Ăąme [...] C'est d'avoir une Ăąme habituĂ©e." On peut dire, d'une certain façon, que l'habitude est pire que le mal ou, du moins, qu'elle est l'expression la plus radicale du mal. À ses yeux, l'habitude n'est pas un outil dont dispose l'homme pour attĂ©nuer le sentiment de l'effort ni une capacitĂ© qui permet d'effectuer des tĂąches de maniĂšre non rĂ©flexive, c'est un danger terrible pour la libertĂ© et pour le salut des hommes car elle les empĂȘche d'ĂȘtre touchĂ©s par la grĂące. Aux yeux de PĂ©guy, les adultes ont des Ăąmes habituĂ©es tandis que les enfants sont les ĂȘtres les moins habituĂ©s du monde. Être habituĂ©, c'est aussi accepter le monde tel qu'il est. Face aux injustices et aux malheurs, le sens commun affirme parfois "On s'habitue." Or PĂ©guy, parce qu'il veut s'Ă©lever Ă  la dignitĂ© morale d'un enfant, refuse de s' PĂ©guy est assurĂ©ment un antimoderne. Pierre Boutang Ă©crivait mĂȘme que, dans son rapport au politique notamment, le rĂ©publicain PĂ©guy Ă©tait plus rĂ©actionnaire que le monarchiste Charles Maurras. Qu'est-ce qui diffĂ©rencie ou rapproche PĂ©guy d'autres "antimodernes" tels Charles Baudelaire, LĂ©on Bloy, Georges Bernanos ou RenĂ© GuĂ©non ?Tout d'abord, je n'inscrirais pas GuĂ©non dans la tradition antimoderne. GuĂ©non est un traditionaliste qui se positionne en deçà de la modernitĂ©. Selon moi, on perd la spĂ©cificitĂ© de ce qu'est un " antimoderne", si on inclut une figure comme GuĂ©non. Un antimoderne - j'avoue avoir adoptĂ© la dĂ©finition certes imparfaite de Compagnon - n'est pas seulement quelqu'un qui critique la modernitĂ©. Un antimoderne est avant tout un Ă©crivain qui est emportĂ© par le mouvement de la modernitĂ©, c'est un moderne contrariĂ©. PĂ©guy est un critique virulent du monde moderne mais il est moderne pour de nombreuses raisons 1 il adhĂšre Ă  des idĂ©ologies politiques qui sont celles de la modernitĂ© la rĂ©publique, le socialisme, 2 son Ă©criture est parfaitement moderne mĂȘme s'il se considĂšre comme un classique dans la mesure oĂč son ego est omniprĂ©sent et 3 sa matiĂšre intellectuelle est l'Ă©vĂšnement Affaire Dreyfus et non les idĂ©es platoniciennes. Mais il est vrai que l'ethos de PĂ©guy est trĂšs "fĂ©odal", pour reprendre une autre expression de Boutang. Sa fascination pour la chevalerie mais aussi pour les cathĂ©drales, pour Jeanne d'Arc et pour l'ancienne France peut rappeler l'homme du Moyen Âge. PĂ©guy est un penseur de la patrie charnelle, il est attachĂ© Ă  la France des petits pays. Souverainistes jacobins et nationaux-rĂ©publicains se rĂ©clament rĂ©guliĂšrement de Charles PĂ©guy. Ils citent souvent ces pages de L'Argent suite oĂč PĂ©guy se proclame "vieux jacobin" et, sous les auspices de Richelieu et de Robespierre, dĂ©clare "La rĂ©publique une et indivisible, notre royaume de France". Mais le mĂȘme homme prĂ©fĂšre "un fatras vivant Ă  un ordre mort", a pu parfois opposer l'esprit de la chevalerie française Ă  celui des lĂ©gistes de Philippe Le Bel, est l'adversaire des monopoles et des centralismes – politiques et parlementaires autant qu'intellectuels et financiers - fait l'Ă©loge de ces anciens mondes organiques "riches de puissances diverses". PĂ©guy Ă©voque mĂȘme "le fĂ©dĂ©ralisme spontanĂ©e" de ces anciens mondes et de ces anciens rĂ©gimes. Qu'en penser ? Le PĂ©guy "vieux jacobin" contredit-il le PĂ©guy aux accents souvent libertaires et fĂ©dĂ©ralistes ? PĂ©guy est-il vraiment un prĂ©curseur de Jean-Pierre ChevĂšnement, un national-rĂ©publicain moderne ?J'ai du mal Ă  voir en PĂ©guy un dĂ©fenseur du centralisme froid et formel, centralisme qui ressemble beaucoup Ă  cet "ordre mort" qu'il combat. PĂ©guy est un penseur de la patrie charnelle, il est attachĂ© Ă  la France des petits pays. On sait l'amour qu'il porte pour sa Beauce natale. PĂ©guy Ă©crit "la RĂ©publique une et indivisible, c'est notre royaume de France" dans le contexte de la montĂ©e du pĂ©ril allemand. Je n'y vois pas forcĂ©ment une profession de foi jacobine, bien plutĂŽt cette façon caractĂ©ristique qu'a PĂ©guy de penser la continuitĂ© historique. Dans ce mĂȘme passage, il Ă©crit ensuite "D'autant que rien n'est aussi monarchique, et aussi royal, et aussi ancienne France que cette formule." C'est une idĂ©e trĂšs forte chez lui la RĂ©publique a Ă©tĂ© faite par les hommes de l'ancienne France et l'ancienne France a produit la RĂ©publique. La mystique rĂ©publicaine n'a Ă©tĂ© rendue possible que par la mystique rĂ©volutionnaire, elle-mĂȘme fille de la mystique de l'ancienne France. À ses yeux, la RĂ©publique n'est pas une production de la modernitĂ©, elle est l'hĂ©ritiĂšre d'un long processus historique qui trouve ses racines dans la grandeur du Moyen Âge. LeMystĂšre de la charitĂ© de Jeanne d'Arc Ă©crit par Charles PĂ©guy est une sorte de drame mĂ©diĂ©val, Ă  proprement parler un mystĂšre.. Ce terme est employĂ© par l'auteur dans trois Ɠuvres qui forment un ensemble d'une remarquable cohĂ©rence : le MystĂšre de la charitĂ© de Jeanne d'Arc (1910), le Porche du MystĂšre de la deuxiĂšme vertu (1911), et le MystĂšre des Saints Innocents

Publication 20 avril 2016 La mort n’est rien Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi. Tu es toi. Ce que nous Ă©tions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m’a toujours donnĂ©. Parle-moi comme tu l’as toujours fait. N’emploie pas de ton diffĂ©rent. Ne prends pas un air solennel ou triste. Continue Ă  rire de ce qui nous faisait vivre ensemble. Prie. Souris. Pense Ă  moi. Prie pour moi. Que mon nom soit toujours prononcĂ© Ă  la maison comme il l’a toujours Ă©tĂ©. Sans emphase d’aucune sorte et sans trace d’ombre. La vie signifie ce qu’elle a toujours signifiĂ©. Elle reste ce qu’elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n’est pas coupĂ©. Pourquoi serais-je hors de ta pensĂ©e, Simplement parce que je suis hors de ta vue ? Je t’attends. Je ne suis pas loin. Juste de l’autre cĂŽtĂ© du chemin. Tu vois, tout est bien. Charles PĂ©guy d’aprĂšs une priĂšre de Saint Augustin

LaMort N Est Rien Poeme De Charles Peguy Chezmamielucette Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, nous le sommes toujours. Je suis moi et vous ĂȘtes vous ce que nous Ă©tions les uns pour les autres nous le sommes toujours. Quant Ă  la version «chocolat», sa crĂ©ation n'est pas si rĂ©cente puisqu'elle remonte aux annĂ©es 1950. Être ou ne pas ĂȘtre, soi et

"JĂ©sus est mon Tout en Tout"Neuvaine Ă  a bienheureuse Teresa de CalcuttaA prier chaque jour de la neuvaineBienheureuse Teresa de Calcutta,tu as permis Ă  l'amour assoiffĂ© de JĂ©sus sur la croixde devenir une flamme vivante en toi,et ainsi tu es devenue la lumiĂšrede Son amour pour du CƓur de JĂ©sus...Mentionner ici l'intention pour laquelle on prieApprends-moi Ă  permettre Ă  JĂ©sus de pĂ©nĂ©trer et de possĂ©dertout mon ĂȘtre si complĂštement,que ma vie aussi puisse rayonner Sa lumiĂšre et Son amour sur les immaculĂ© de Marie, Cause de notre joie,prie pour Teresa de Calcutta, prie pour moi.
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encette veille de toussaint je vous offre ce poÚme de charles peguy inspiré par un texte de saint augustin intitulé la mort n'est rien. je l'ai illustré musicalement par une trÚs belle composition

La mort n'est rien. Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous Ă©tions l'un pour l'autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m'as toujours donnĂ©. Parle-moi comme tu l'as toujours fait. N'emploie pas de ton diffĂ©rent, ne prends pas un air solennel ou triste. Continue Ă  rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Prie, souris, pense Ă  moi, prie pour moi. Que mon nom soit toujours prononcĂ© Ă  la maison comme il l'a toujours Ă©tĂ©. Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre. La vie signifie ce qu'elle a toujours signifiĂ©. Elle est ce qu'elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n'est pas coupĂ©. Pourquoi serais-je hors de ta pensĂ©e simplement parce que je suis hors de ta vue ? Je t'attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre cĂŽtĂ© du chemin. Tu vois, tout est bien. souvent attribuĂ© Ă  Charles PĂ©guy mais plus probablement de Henry Scott Holland 1847-1918 Canon of St. Paul’s Cathedral Listedes citations de Charles PĂ©guy sur mort classĂ©es par thĂ©matique. La meilleure citation de Charles PĂ©guy prĂ©fĂ©rĂ©e des internautes. Retrouvez toutes les phrases cĂ©lĂšbres de Charles PĂ©guy parmi une sĂ©lection de + de 100 000 citations cĂ©lĂšbres provenant d'ouvrages, d'interviews ou de discours. Lisez le TOP 10 des citations de Charles PĂ©guy pour mieux comprendre sa vie, ses "Outre l'idĂ©e de mort et de rupture avec la vie terrestre, l'au-delĂ  Ă©voque pour moi un univers rempli de mystĂšres. J'avoue que je suis assez fascinĂ©e par tous les phĂ©nomĂšnes Ă©tranges les tables qui tournent, les esprits qui apparaissent soudain dans une piĂšce. D'ailleurs, si l'on me proposait de faire tourner les tables, je crois que j'accepterais... En ce qui concerne mon aprĂšs-mort, j'Ă©prouve un sentiment contradictoire. D'un cĂŽtĂ©, j'ai l'impression que la mort est quelque chose qui ne peut pas m'arriver. De l'autre, je sens trĂšs bien que la rupture peut survenir Ă  tout instant. Or, comme je considĂšre qu'il n'y a rien aprĂšs la mort, je me dis qu'il y a des occasions Ă  ne pas rater. N'Ă©tant pas freinĂ©e par la peur d'un Ă©ventuel jugement dernier, je me mets sans doute moins de barriĂšres. Si j e crains un jugement, c'est le mien. Je connais mes fautes et mes faiblesses le plus dur, c'est d'assumer au jour le jour sa part d'ombre. Je voudrais me dire, le jour de ma mort, que j'ai vĂ©cu le plus possible comme je l'entendais, c'est-Ă -dire en accomplissant les choses avec le maximum de coeur, en faisant souffrir le moins possible les gens qui m'entourent, NĂ©anmoins, l'idĂ©e d'un nĂ©ant total aprĂšs la mort n'est pas facile Ă  vivre tous les jours. Ainsi, quand je pense Ă  ma mĂšre, dĂ©cĂ©dĂ©e il y a quatre ans, je me dis est-ce vraiment pour rien qu'elle a effectuĂ© tout un cheminement intĂ©rieur avant de mourir ? Affirmer qu'il n'y a rien aprĂšs la mort conduit Ă  assumer le poids des regrets, je ne l'ai pas rĂ©alisĂ© tout de suite au dĂ©part, le nĂ©ant reste une notion trĂšs intellectuelle. Le jour oĂč ma mĂšre s'est Ă©teinte, J'Ă©tais assise en face d'elle, dans sa chambre d'hĂŽpital. J'ai Ă©prouvĂ© une sensation Ă©trange "Tu es lĂ , me disais-je, vivante alors qu'elle est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  morte et tu ne vois rien, tu ne sais pas ce qui se passe. Un an aprĂšs sa mort, j'ai vĂ©cu des moments trĂšs difficiles je me reprochais Ă©normĂ©ment de ne pas avoir su accompagner ma mĂšre dans ses derniers moments. C'est Ă  ce moment-lĂ  que j'ai rĂ©alisĂ© que la rupture Ă©tait irrĂ©versible. MalgrĂ© tout, je ne rĂ©siste pas toujours Ă  la tentation de vouloir lui parler, de lui faire part de ce qui me tient Ă  coeur. Le dĂ©sir de communiquer avec les morts est de nature nostalgique, comme si l'on voulait rattraper ce qui n'a pas Ă©tĂ© fait lorsque l'ĂȘtre cher Ă©tait encore en vie." Menu can't login to paypal new phone number. henning conle westfalia; alkoholfahne nach einem glas wein
Charles Peguy - La Tapisserie de Notre-Dame - Clan9Published on May 17, 2011Publication1913 CatégoriesFiction, Poésie Source Péguy, Charles 1 NoteThis book is brought to you by Feedbooks http//ww... Atreide Leto
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