Une nuit dâavril 1912, Cendrars Ă©crit Les PĂąques Ă New-York, un long poĂšme de facture classique, rĂ©digĂ© dâun seul trait. Un cri de dĂ©sespoir, oĂč sâexprime la dĂ©tresse morale de son auteur, comme le cri dâun naufragĂ©, dont voici un extrait âŠSeigneur, lâaube a glissĂ© froide comme un suaire Et a mis tout Ă nu les gratte-ciel dans les airs. DĂ©jĂ un bruit immense retentit sur la les trains bondissent, grondent et dĂ©filent. Les mĂ©tropolitains roulent et tonnent sous ponts sont secouĂ©s par les chemins de fer. La citĂ© tremble. Des cris, du feu et des fumĂ©es,Des sirĂšnes Ă vapeur rauquent comme des huĂ©es. Une foule enfiĂ©vrĂ©e par les sueurs de lâorSe bouscule et sâengouffre dans de longs corridors. Trouble, dans le fouillis empanachĂ© des toits,Le soleil, câest votre Face souillĂ©e par les crachats⊠Pour un coup dâessai, câest un coup de maĂźtre. Et ce poĂšme claque dans le ciel de la poĂ©sie comme un vĂ©ritable coup de tonnerre. Dâailleurs Apollinaire ne sây trompe pas. Sur le point de publier Alcools, avec Le pont Mirabeau en ouverture, bouleversĂ© par le poĂšme de Cendrars, il compose aussitĂŽt ZĂŽne, pour le placer en tĂȘte de son recueil. Quant Ă Cendrars, conscient de son modernisme, il va jusquâĂ Ă©crire lâannĂ©e suivante, Ă la fin de Hamac, le 7Ăšme de ses XIX PoĂšmes Ă©lastiques âŠApollinaire / 1900â1911 / Durant 12 ans seul poĂšte en France ». Bien que les PoĂšmes Ă©lastiques ne seront publiĂ©s quâaprĂšs la mort dâApollinaire en novembre 1918, il est clair que, dĂšs 1912, Cendrars estime avoir pris la premiĂšre place parmi les poĂštes français, mĂȘme si par fausse modestie il se prĂ©sente dans la Prose du TranssibĂ©rien, en 1913, comme le mauvais poĂšte ». Quel est donc ce jeune Ă©tranger de 25 ans, encore inconnu du public, qui ose revendiquer une telle primautĂ© ? Cendrars, nĂ© en Suisse en 1887, sâappelle de son vrai nom FrĂ©dĂ©ric-Louis Sauser. Sa petite enfance lui donne le goĂ»t des voyages, au sein dâune famille itinĂ©rante, dont le pĂšre cherche vainement fortune au Caire, puis Ă Naples. PlutĂŽt rĂȘveur et solitaire, il nâaime guĂšre les Ă©tudes, mais se passionne pour la lecture. A 16 ans, il quitte le foyer familial, pour courir dĂ©sormais lâaventure et bourlinguer, sa vie durant, Ă travers les pays du monde entier. De 1904 Ă 1907, il sĂ©journe en Russie, Ă Saint-PĂ©tersbourg, oĂč il sera le tĂ©moin privilĂ©giĂ© des prĂ©misses de la RĂ©volution. Le jeune FrĂ©dĂ©ric, au service dâun joaillier-horloger suisse, accompagne des livraisons de bijouterie jusquâen SibĂ©rie. Quelques annĂ©es plus tard, de ses souvenirs de jeunesse il composera son plus beau poĂšme, Prose du TranssibĂ©rien et de la petite Jehanne de France 1913, conçu comme un voyage initiatique, en mĂȘme temps quâune sorte de ruĂ©e vers lâor. De retour en Suisse en 1907, il commence des Ă©tudes de mĂ©decine et de philosophie. En 1910, il sâinstalle Ă Paris, rencontre Chagall, retourne Ă Saint-PĂ©tersbourg en 1911, passe lâhiver Ă New-York. Puis il revient Ă Paris en 1912, oĂč il fonde la revue Les Hommes Nouveaux, dans laquelle il publie Les PĂąques Ă New-York, sâĂ©tant trouvĂ© un pseudonyme qui lui corresponde LâĂ©criture, dit-il, est un incendie qui embrase un grand remue-mĂ©nage dâidĂ©es et fait flamboyer des associations dâimages, avant de les rĂ©duire en braises crĂ©pitantes et en cendres retombantes ». En 1913, il rencontre Robert et Sonia Delaunay, et frĂ©quente Modigliani, Soutine, Chagall, Cocteau et Max Jacob. Il publie La Prose du TranssibĂ©rien, sâadonne Ă la peinture, commence Ă Ă©crire ses premiers PoĂšmes Ă©lastiques, ainsi que Le Panama ou lâaventure de mes sept oncles. Dans ce Paris du dĂ©but du siĂšcle, Cendrars partage avec ses amis peintres et poĂštes une autre vision du temps. Autour dâeux tout sâĂ©croule, les valeurs sâeffondrent, lâĂ©conomie chancelle le krach de Panama et la guerre sâannonce. Mais ce temps de profondes mutations permet aussi de construire sur des bases nouvelles. Câest le krach de Panama qui fit de moi un poĂšteâŠOn casse partout la vaisselleâŠOn sâembarque⊠», Ă©crit Cendrars dans Le Panama. Et plus tard, dans ses Entretiens avec Michel Manoll 1950, il confie Jâavais horreur de la poĂ©sie telle quâelle se pratiquaitâŠLâheure de la Tour Eiffel avait sonnĂ©. Elle Ă©tait le mĂąt de la TSF. Elle donnait lâheure Ă tous les navires en haute mer. Pourquoi pas aux poĂštes ? » Cette collaboration remarquable entre poĂ©sie et peinture atteint lâun de ses sommets avec le TranssibĂ©rien, dont Sonia Delaunay rĂ©alise lâillustration, sur un dĂ©pliant de prĂšs de deux mĂštres, oĂč texte en couleur et plans contrastĂ©s se rĂ©pondent admirablement, la peinture de Sonia donnant au poĂšme de Cendrars des allures de fresque colorĂ©e. Et sa poĂ©sie sâefforce de dĂ©chiffrer les signes des temps nouveaux, en captant au vol tout ce quâil voit et lâĂ©merveille, comme au dĂ©but de Contrastes, le 3Ăšme de ses PoĂšmes Ă©lastiques Les fenĂȘtres de ma poĂ©sie sont grandâouvertes sur les boulevards et dans ses vitrinesBrillentLes pierreries de la lumiĂšreĂcoute les violons des limousines et les xylophones des linotypesLe pocheur se lave dans lâessuie-main du cielTout est taches de couleurEt les chapeaux des femmes qui passent sont des comĂštes dans lâincendie du soir⊠AoĂ»t 1914, la guerre est dĂ©clarĂ©e et Cendrars sâengage dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Un an plus tard, gravement blessĂ©, il est amputĂ© du bras droit, devenant lâhomme Ă La main coupĂ©e. Une blessure qui lui donne, comme Ă Apollinaire, la nationalitĂ© française. Mais rien ne peut arrĂȘter Cendrars, qui apprend Ă Ă©crire de la main gauche et Ă taper Ă la machine. De retour Ă la vie civile, il frĂ©quente Montparnasse avec LĂ©ger, Picabia, Eric Satie... ; il voyage Ă nouveau, sâintĂ©resse au cinĂ©ma, travaille avec Abel Gance, publie Le Panama 1918, puis les XIX PoĂšmes Ă©lastiques 1919. Alors vient le dĂ©but de la cĂ©lĂ©britĂ©, avec une Ă©criture prodigieuse, frĂ©nĂ©tique dans son rythme, stupĂ©fiante par son audace, et dont lâimpulsion lyrique et la puissance Ă©motionnelle traduisent parfaitement ces temps nouveaux. Pour remercier son ami Fernand LĂ©ger dâavoir fait son portrait, Cendrars en retour lui dĂ©die ce poĂšme le dernier des XIX PoĂšmes Ă©lastiques Construction De la couleur, de la couleur et des couleursâŠVoici LĂ©ger qui grandit comme le soleil de lâĂ©poque tertiaireEt qui durcitEt qui fixeLa nature morteLa croĂ»te terrestreLe liquideLe brumeuxTout ce qui se ternitLa gĂ©omĂ©trie nuageuseLe fil Ă plomb qui se grouilleLâesprit sâanime soudain et sâhabille comme les animaux et les plantesProdigieusementEt voiciLa peinture devient cette chose Ă©norme qui bougeLa roueLa vieLa machineLâĂąme humaineUne culasse de 75Mon portrait En 1924, il publie Kodak, qui deviendra Documentaires la firme amĂ©ricaine ayant protestĂ©, lâaccusant dâusurpation, mais le titre initial est trĂšs rĂ©vĂ©lateur », Cendrars voulant signifier que ses poĂšmes sont une sĂ©rie dâinstantanĂ©s ; ils ressemblent Ă©galement Ă des collages littĂ©raires, Ă la maniĂšre des collages picturaux de Max Ernst. En voici un exemple, avec le 4Ăšme poĂšme de la sĂ©rie Far-West, oĂč en quelques traits humoristiques il Ă©voque cette frĂ©nĂ©sie amĂ©ricaine qui le fascine tant, lui dont lâexaltation de la vitesse est un des ressorts de son Ă©criture poĂ©tique IV. Ville-Champignon Vers la fin de lâannĂ©e 1911 un groupe de financiers yankees dĂ©cide la fondation dâune ville en plein Far-West au pied des Montagnes RocheusesUn mois ne sâest pas Ă©coulĂ© que la nouvelle citĂ© encore sans aucune maison est dĂ©jĂ reliĂ©e par trois lignes au rĂ©seau ferrĂ© de lâUnionLes travailleurs accourent de toutes partsDĂšs le deuxiĂšme mois trois Ă©glises sont Ă©difiĂ©es et cinq théùtres en pleine exploitationAutour dâune place oĂč subsistent quelques beaux arbres une forĂȘt de poutrelles mĂ©talliques bruit nuit et jour de la cadence des marteauxTreuilsHalĂštement des machinesLes carcasses dâacier des maisons de trente Ă©tages commencent Ă sâalignerDes parois de briques souvent de simples plaques dâaluminium bouchent les interstices de la charpente de ferOn coule en quelques heures des Ă©difices en bĂ©ton armĂ© selon le procĂ©dĂ© EdisonPar une sorte de superstition on ne sait comment baptiser la ville et un concours est ouvert avec une tombola et des prix par le plus grand journal de la ville qui cherche Ă©galement un nom Cette mĂȘme annĂ©e 1924, il publie Feuilles de route, son dernier recueil de poĂ©sie, le journal de bord de son voyage maritime jusquâau BrĂ©sil, fait de petites histoires sans prĂ©tentions », de croquis intimistes. Mais il semble bien dĂ©sormais que lâenvie dâĂ©crire des poĂšmes le quitte, comme il le dit sans dĂ©tour Couchers de soleil Tout le monde parle des couchers de soleil Tous les voyageurs sont dâaccord pour parler des couchers de soleil dans ces parages Il y a plein de bouquins oĂč lâon ne dĂ©crit que les couchers de soleilLes couchers de soleil des tropiquesOui câest vrai câest splendide Mais je prĂ©fĂšre de beaucoup les levers de soleilLâaubeJe nâen rate pas uneJe suis toujours sur le pontĂ poilsEt je suis toujours seul Ă les admirerMais je ne vais pas les dĂ©crire les aubesJe vais les garder pour moi seul Et lâultime poĂšme du recueil le confirme, de façon lapidaire et dĂ©finitive Pourquoi jâĂ©cris ? câest le titre Parce que câest le texte Ainsi comme Rimbaud, son aĂźnĂ©, Cendrars se dĂ©tourne de la poĂ©sie, la gardant pour lui tout seul dans son cĆur et dans sa tĂȘte. Jâai dĂ©cidĂ© de laisser la poĂ©sie moderne se dĂ©brouiller sans moi », confiera-t-il plus tard Ă Michel Manoll. Dans ce grand tournant de lâaprĂšs guerre, bousculĂ© par la vitesse, les avions, lâĂ©lectricitĂ©, le cinĂ©ma, la publicitĂ©, le jazzâŠ, Cendrars a besoin de se renouveler, de faire de nouvelles expĂ©riences, de multiplier les voyages, de courir le monde, car lâunivers me dĂ©borde », dit-il. Il nâabandonne pas pour autant lâĂ©criture, mais dĂ©sormais câest grĂące au roman quâil rencontre aussitĂŽt le succĂšs avec LâOr 1925, Moravagine 1926, Rhum 1930, LâHomme foudroyĂ© 1945, La Main coupĂ©e 1946, Bourlinguer 1948 et EmmĂšne-moi au bout du monde 1956. AndrĂ© Malraux lui remet la cravate de Commandeur de la LĂ©gion dâHonneur, en 1958. En janvier 1961, Ă 73 ans, il reçoit le grand Prix LittĂ©raire de la Ville de Paris, quelques jours avant sa mort. Cendrars est un authentique poĂšte, moderne et novateur. Toutes les dimensions de la vie quotidienne trouvent place dans sa poĂ©sie, oĂč rien nâest exclu a priori. Il invente un langage, dont il expĂ©rimente sans cesse le fond et la forme. PoĂšte rĂ©solument libre, il se tient Ă lâĂ©cart de toute forme dâembrigadement. Câest ainsi quâil refuse dâentrer dans le groupe surrĂ©aliste, auquel il aurait pu prĂ©tendre, comme le montre le tableau final de ce poĂšme Ă©crit quelques jours aprĂšs la mort dâApollinaire Hommage Ă Guillaume Apollinaire âŠLes temps passentLes annĂ©es sâĂ©coulent comme des nuagesLes soldats sont rentrĂ©s chez euxA la maisonDans leurs paysEt voilĂ que se lĂšve une nouvelle gĂ©nĂ©rationLe rĂȘve des Mamelles se rĂ©alise !Des petits Français, moitiĂ© anglais, moitiĂ© nĂšgre, moitiĂ© russe,Un peu belge, italien, annamite, tchĂšqueLâun Ă lâaccent canadien, lâautre les yeux hindousDents face os jointure galbe dĂ©marche sourireIls ont tous quelque chose dâĂ©tranger et sont pourtant bien de chez nousAu milieu dâeux, Apollinaire, comme cette statue du Nil, le pĂšre des eaux,Ătendu avec des gosses qui lui coulent de partoutEntre les pieds, sous les aisselles, dans la barbeIls ressemblent Ă leur pĂšre et se dĂ©partent de luiEt ils parlent tous la langue dâApollinaire Bibliographie poĂ©tique Les PĂąques Ă New-York, © Les Hommes Nouveaux, 1912 La Prose du TranssibĂ©rien et de la petite Jehanne de France, avec des couleurs simultanĂ©es de Sonia Delaunay-Trek, © Les Hommes Nouveaux, 1913 Le Panama ou les aventures de mes sept oncles, couverture de Raoul Dufy, avec 25 tracĂ©s de chemins de fer amĂ©ricains et un prospectus publicitaire, © La SirĂšne, 1918 Dix-Neuf PoĂšmes Ă©lastiques, avec portrait de lâauteur par Modigliani, © Au Sans Pareil, 1919 Du Monde entier comprenant Les PĂąques, La Prose et le Panama, © la NRF, 1919 Kodak Documentaires, © Stock, 1924 Feuilles de route, © Au Sans Pareil, 1924 PoĂ©sies ComplĂštes, © DenoĂ«l, 1944 Du monde entier au cĆur du monde, PoĂ©sies ComplĂštes, © DenoĂ«l, 1957 Du monde entier, PoĂ©sies complĂštes 1912-1924, PrĂ©face de Paul Morand, © PoĂ©sie/Gallimard,1967 Au cĆur du monde, PoĂ©sies complĂštes 1924-1929, © PoĂ©sie/Gallimard, 1968 A propos de Blaise Cendrars, par Louis Parrot, coll. PoĂštes dâAujourdâhui, n° 11, © Pierre Seghers, 1948 Blaise Cendrars, par Miriam Cendrars, © Balland, 1984 Blaise Cendrars, par Jean-Marc Debenedetti, coll. Les Plumes du temps, © Henri Veyrier, 1985 Blaise Cendrars, un poĂšte, coll. Folio junior, © Gallimard, 1988 L'OdyssĂ©e Cendrars de Patrice Delbourg, © Ăcriture, 2011 Internet Voir sur WikipĂ©dia la bibliographie dĂ©taillĂ©e Le Centre d'Ă©tudes Blaise Cendrars Blaise Cendrars le bourlingueur sur le site du Routard La biographie de Cendrars par Patrice Delbourg sur le site de Texture Contribution de Jacques DĂ©crĂ©au
Cidessous vous trouvez la rĂ©ponse pour De ses feuilles est nĂ© le Panama : De ses feuilles est nĂ© le Panama . Solution: BOMBANAXA. Les autres questions que vous pouvez trouver ici En 2016, ATD Quart Monde et des associations partenaires ont renforcĂ© leur prĂ©sence dans plusieurs quartiers de lâĂle. Aujourdâhui, Pierrefonds, un quartier de la ville de Saint Pierre, et Grande Ravine, un quartier de Trois Bassins, sont des pĂ©piniĂšres dâactivitĂ©s culturelles oĂč les talents des uns et des autres sâexercent. Vous nous avez rĂ©conciliĂ© avec ces quartiers-lĂ , reconnaĂźt un employĂ© de mairie, comment avez-vous fait ? » Sur la commune des Trois Bassins Les RĂ©parali KafĂ© » organisĂ©s par lâassociation EKOPRATIK sont des rendez-vous entre des propriĂ©taires dâobjets cassĂ©s ou dĂ©fectueux et des rĂ©parateurs bĂ©nĂ©voles. ATD Quart Monde leur a proposĂ© Ă rejoindre des familles isolĂ©es du quartier de Grande Ravine et de bĂątir avec elles des actions de partage des savoirs. Il y a eu plusieurs mois de dialogue, de prĂ©sence et de proximitĂ© avec les familles de Grande Ravine, avant que des femmes du quartier nâosent proposer dâanimer des ateliers, explique Marie-Bernadette Diop, volontaire permanente dâATD Quart Monde. Lâassociation Ekopratik venait tous les 15 jours dans le quartier. Les animateurs nâont pas dit aux gens Avez-vous des choses Ă rĂ©parer ? » mais plutĂŽt on va rĂ©parer ensemble». Ăa a permis Ă des gens dans le quartier de se mettre ensemble, pour la 1Ăšre fois, autour de choses qui peuvent les unir. De lĂ , est nĂ© lâatelier de couture avec le soutien dâune bĂ©nĂ©vole dâEkopratik. Cela a mobilisĂ© les mamans, une jeune sâest proposĂ©e pour lâactivitĂ© avec les enfants, soutenue par une autre maman du quartier.» Reparali KafĂ© Ă Grande Ravine Lâutilisation de lâinformatique pour les dĂ©marches administratives Ă©tait une autre pierre dâachoppement pour la mairie de Trois Bassins. Celle-ci a cherchĂ© Ă initier toute personne dĂ©sireuse de se former aux nouvelles technologies, en les invitant au cyber-base. Mais la distance entre le littoral et la mairie Ă©tait un obstacle Ă la participation des habitants de Grande Ravine. En effet, ils doivent parcourir 10 km de route sinueuse pour se rendre dans leur mairie situĂ©e sur les Hauts ». GrĂące Ă la dynamique enclenchĂ©e dans le quartier avec les ateliers, un partenariat a Ă©tĂ© créé avec le cyber-base pour dĂ©marrer un atelier informatique dans la maison de quartier dâabord, puis dans les locaux dâATD Quart Monde. Les familles se sont mobilisĂ©es pour fabriquer des invitations et les distribuer dans les boĂźtes aux lettres afin dâinformer les gens du quartier. A Saint-Pierre au sud de lâIle Dans le quartier de Pierrefonds, ATD Quart Monde a repris des activitĂ©s de partage du savoir et une bibliothĂšque de rue Ă la maison de quartier, aprĂšs quelques annĂ©es sans action mais oĂč les liens perduraient avec les habitants. Des adultes, surtout des jeunes mamans, se retrouvent tous les mercredis aprĂšs-midi pour des ateliers crĂ©atifs broderie, dĂ©corationâŠ. Le temps est donnĂ© pour que chacune aille jusquâau bout de sa crĂ©ation. On dĂ©couvre la valeur de lâautre. Câest un moment trĂšs convivial oĂč les unes et les autres sâencouragent et se soucient des absentes. Une telle nâest pas venue, qui lâa vue ? » Des habitants dâautres quartiers sont venus apprendre dans le but de crĂ©er chez eux la mĂȘme dynamique. Une autre association ADELI a rejoint ATD Quart monde pour proposer des activitĂ©s de tressage avec des feuilles de coco. A Joli Fond, deux bibliothĂšques de rue ont lieu le mercredi et le vendredi aprĂšs-midi. Des groupes de danse sont nĂ©s de cette bibliothĂšque, et se joignent rĂ©guliĂšrement aux Ă©vĂ©nements organisĂ©s avec la ville. La journĂ©e internationale des Droits de lâenfant a Ă©tĂ© lâoccasion dâune rĂ©flexion des enfants de Joli Fond et dâune fĂȘte qui a rĂ©uni parents et enfants. Une journĂ©e familiale sous le signe de la participation des plus pauvres au dialogue social Ces partenariats se sont poursuivis durant la journĂ©e familiale du 22 mai. Depuis janvier, la question de la violence intrafamiliale Ă©tait sur toutes les lĂšvres, Ă cause de faits dramatiques dans lâactualitĂ©. Les familles ont voulu aborder cette question de sociĂ©tĂ© durant une universitĂ© populaire Ă lâoccasion de la journĂ©e familiale. Le thĂšme de la place de la violence dans notre vie » a donc Ă©tĂ© retenu. Trois travailleurs sociaux ont Ă©tĂ© invitĂ©s, Karl VEFOUR, Michel BAULAIGUE et Dominique RAMAYE, pour dĂ©battre avec une salle pleine. CâĂ©tait un nouvel angle dâĂ©coute pour les travailleurs sociaux, qui, immergĂ©s dans les groupes, ont dĂ©couvert autrement les personnes. Ils ont fait des liens entre ce quâils avaient entendu et ce quâils connaissaient dans leur travail. Une maman a partagĂ© que lorsquâelle Ă©tait convoquĂ©e par lâassistante sociale pour parler de ses enfants, elle ne se sentait pas Ă©coutĂ©e et lâassistance sociale la voyait comme une femme Ă problĂšme. Une occasion de rĂ©flĂ©chir ensemble sur les Ă©tapes et les conditions Ă respecter prendre en compte les familles. Yassine, un Ă©ducateur Ă lâIRTS et alliĂ© du Mouvement ATD Quart Monde, animait avec Lucette, militante quart monde. Il a expliquĂ© ensuite Dans lâensemble, nous qui sommes ici tous des Ă©ducateurs spĂ©cialisĂ©s de formation, nous sommes trĂšs impressionnĂ©s par la qualitĂ© et la profondeur des propos que nous avons entendus dans nos ateliers. En effet, ce que les familles rapportent au travers de leurs tĂ©moignages de ce quâelles vivent dans leur quotidien est trĂšs fort. Par ailleurs nous ne trouvons pas dans leurs discours du ressentiment Ă lâĂ©gard des travailleurs sociaux mais de lâamertume et une sorte dâincomprĂ©hension entre deux mondes qui se cĂŽtoient et qui ne se connaissent pas, chacun restant sur ses a priori. Le regard de la sociĂ©tĂ© sur ces familles est trĂšs stigmatisant, empli de dĂ©terminismes sociaux tu es un enfant dâune famille pauvre donc tu seras pauvre, tu vis dans un quartier qui nâa pas bonne rĂ©putation en raison des familles qui y vivent. Nous entendons dire trĂšs souvent notamment de la part des travailleurs sociaux que les familles ne parlent pas, nâont rien Ă dire. Nous avons bien vu et entendu des familles qui ont des choses Ă dire. Quand on leur crĂ©e un espace qui est organisĂ©, suffisamment sĂ©curisant », la parole se libĂšre et ce que disent les familles est criant de vĂ©ritĂ©. Nous avons perçu chez ces familles une volontĂ© de rendre lâavenir meilleur pour leurs enfants. Câest une grande leçon dâhumilitĂ© que nous retenons de cette journĂ©e. » LâaprĂšs-midi a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© aux diffĂ©rents ateliers tressage feuille de coco, fabrication dâattrape-rĂȘve, de dessins, crĂ©ation de cadeaux de fĂȘte des mĂšres pour les enfants et les adultes et concert dâun groupe de rap du quartier Caserne. La mairie de Trois Bassins a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par une dĂ©lĂ©gation de 3 personnes avec Ă sa tĂȘte M. GONFO, responsable de la vie associative et de la politique de la Mairie de Trois Bassins. Photo Reparali KafĂ© » avec EKOPRATIK Ă Grande Ravine Leclimat de la Guadeloupe est de type tropical avec deux saisons marquĂ©es : la saison humide dite « hivernage » qui sâĂ©tend de juillet Ă novembre et la saison sĂšche, appelĂ© « carĂȘme » de fĂ©vrier Ă avril. Autre Ă©lĂ©ment qui caractĂ©rise le climat des Antilles : lâalizĂ©. Ce vent dâest Ă nord-est souffle quasiment toute lâannĂ©e, se levant le matin pour sâessouffler