Cet été 2022, la situation est historique », selon l’analyse même du ministre de l’Agriculture, Christophe Béchu. La sécheresse qui frappe la France fera date, sans doute comme celles de 1976 et de 2003. Pour Vincent Garnier, responsable du service développement à la fédération de pêche de la Loire, la situation des cours d’eau et des plans d’eau du département est similaire, voire pire qu’en 2003 ». Deux raisons à cela la sécheresse d’un côté, qui fait baisser les quantités d’eau ; et la canicule de l’autre, responsable d’une température trop importante des eaux. Nous surveillons les cours d'eau et les plans d'eau de près pour savoir quand intervenir Vincent Granier Responsable du service développement à la Fédération de pêche de la Loire La crise semble plus grande encore dans le sud du département, mais les différents milieux aquatiques du nord sont également en souffrance. Nous les surveillons de près pour savoir quand et comment intervenir », précise Vincent Garnier. Au Nord-Ouest. L’Urbise, l’Arçon et la Teyssonne présentent un débit très faible ; le Renaison est moins en souffrance car il reste alimenté par les barrages du Chartrain et du Rouchain ; l’Aix, et plus encore l’Isable, souffrent tous deux énormément, le second étant même coupé » par endroits ; le Lignon, et ses affluents l’Anzon et le Vizézy, ont un débit très faible, bien qu’ils bénéficient de zones humides en amont. Rive droite de la Loire. La situation est encore plus compliquée selon Vincent Garnier. Le Sornin et son affluent principal le Botoret ont un débit terriblement faible et une eau à température élevée ; Le Rhins, avec le Gand à sec et la Trambouze, rencontre les mêmes difficultés. La Loire. Le débit d’entrée du fleuve à Balbigny est de 3 m 3 /seconde, alors que le barrage de Villerest relâche 12 m 3 /seconde pour les besoins de soutien d’étiage de la Loire en aval. Le niveau est donc forcément en baisse. On peut voir par endroits à sa surface la formation de grandes plaques de plantes aquatiques, c’est le cas aux abords du pont de la Loire entre Roanne et Le Coteau. Ce sont des élodées qui ne sont pas synonymes de mauvaise qualité de l’eau, explique Vincent Garnier, par contre si en surface on distingue des parties plus claires, il s’agit alors d’algues filamenteuses, voire cyanobactéries, signe que l’eau ne se renouvelle pas et qu’elle est chargée d’azote et de phosphore ».Les conditions climatiques actuelles favorisent le développement de plantes aquatiques, comme des élodées, ici sur la Loire entre Roanne et Le Coteau. Elles ne sont pas synonymes de mauvaise qualité de l'eau. Plan d’eau. Le plus important est l’étang de Cornillon, situé à Mably, alimenté par des nappes souterraines de la Loire. Nous avons mis en place un suivi pour évaluer le risque de mortalité piscicole et anticiper une action si nécessaire. Nous relevons régulièrement la température, l’oxygénation et la saturation en oxygène. Aujourd’hui, il n’y a pas d’urgence, nous sommes plus inquiets pour d’autres plans d’eau du sud du département », détaille encore Vincent Garnier. Des pêches de sauvetage dans les grandes étendues d'eau On essaye de sauver les meubles tant la situation est préoccupante », admet Vincent Garnier. Des solutions sont envisageables, mais délicates, pour les grandes étendues d’eau. Nous pouvons procéder à des pêches de sauvetage avec les pêcheurs, des associations et encore des particuliers bénévoles. Nous capturons les poissons et les plaçons dans des cuves pour leur transport avant de les relâcher, dans la Loire généralement ». Une technique que la Fédération de pêche de la Loire refuse aujourd’hui de mettre en place dans les petits cours d’eau, où les truites sont les poissons les plus sensibles et donc les plus en danger en cas de pêche électrique. Lire ci-dessous. Que faire alors ? Il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire. C’est pourquoi il est impératif de travailler en amont de ces crises », souligne Vincent Garnier. Travailler en amont de ces crises La fédération de pêche ligérienne s’appuie sur différents axes de travail pour ne pas être prise au dépourvu la sécheresse venue. La première des priorités est de prendre soin des zones humides qui représentent de véritables éponges capables de restituer l’eau du sol, quand celle-ci ne vient pas du ciel. Protéger la continuité piscicole en enlevant les barrages naturels ou de la main de l’homme dans les rivières en est un autre. Enfin, sensibiliser en mettant en place des actions envers le public, notamment les plus jeunes. Vincent Garnier compte également sur la grande capacité de résilience de la nature ». Les prochains chiffres des inventaires et suivis du poisson dans les cours d’eau du département diront si celle-ci parvient à se montrer plus forte que les sécheresses à répétition. Ou pas. Pascal Jacquet Pêche de sauvetage un bien pour un mal ?Des pêches de sauvetages sont réalisées par la fédération dans les cours d'eau uniquement pour des inventaires scientifiques. Une pratique limitée par la Fédération de la Loire. Lorsque des poissons se retrouvent bloqués dans un trou d’eau d’une rivière suite à son assèchement partiel, il n’est pas rare que des pêches électriques de sauvetage soient effectuées pour les récupérer. Une pratique à laquelle la fédération de pêche de la Loire a renoncé pour les petits cours d’eau. C’est faire plus de mal que de bien, explique Vincent Garnier, car les poissons sont stressés par la prise et la manipulation, puis par le transport dans des cuves d’eau potable. » Autres complications soulevées par le technicien, la surcharge du cours d’eau récepteur au moment de relâcher les prises, mais aussi des problèmes de modifications génétiques à terme avec l’arrivée de poissons venants d’un autre bassin-versant. Nous pratiquons la pêche de sauvetage pour les grandes étendues d’eau avec l’aide de pêcheurs, d’associations et de bénévoles, avant de relâcher les prises dans la Loire généralement », détaille encore Vincent Garnier. Nous réalisons des pêches électriques seulement à des fins d’inventaire scientifique ou en cas de travaux dans une rivière et hors période de sécheresse », précise-t-il Photo.